Par où la sortie de crise... ?

Une loi de finances rectificative serait-elle la voie pour éteindre le feu de la grogne des commerçants ? Certains partis politiques l’évoquent comme l’unique sortie du tunnel. Éclairages !

Ce qui n’était au départ qu’un problème aux relents sociaux a très vite pris la dimension d’une rixe politique, dont les protagonistes sont le PJD et le RNI. Les petits commerçants ont investi les rues, dans

plusieurs villes du pays, contre la dorénavant fameuse « facturation ». Le gouvernement a beau signifier qu’ils ne sont pas concernés, mais ils ont maintenu la pression. Une pression qui a enflammé la scène politique. D’ailleurs, pas plus tard que le weekend dernier, l’on a assisté à ce qui ressemble fort bien à un duel à distance entre Saâdeddine El Othmani et Aziz Akhannouch. Dès la sortie des commerçants, le parti du chef de gouvernement a vite fait de vouloir imputer la responsabilité au parti de la colombe, qui dirige le ministère de l’Economie et des Finances. D’ailleurs, le 14 janvier un écrit, signé par Mohamed Amahjour, cadre dirigeant du PJD et réputé très proche de Abdelilah Benkirane, a tenté de « clarifier les choses », en avançant qu’il n’y a pas lieu de faire porter le chapeau à sa formation, puisque cela relève de la responsabilité directe du département de l’Argentier du pays. La machine s’ébranle et les contingents électroniques du parti de la lampe reprennent du service. Sentant le vent tourner, après la réaction du président du RNI, recadrant les Pjdistes, le parti du chef de gouvernement sort « sa grosse carte », en la personne de Ramid, par facebook interposé, (lire l’article « Gouvernement/Dernier combat entre la lampe et la colombe ?).

Or, cette situation n’a pas laissé de marbre les autres formations du landerneau politique. Pour l’USFP, la grogne des commerçants interpelle à plus d’un titre et renseigne sur deux dimensions majeures. A savoir, le poids économique, la fragilité, la sensibilité explosive et le manque d’encadrement des petits commerçants. Une situation, nous dit Hanane Rihab, qui les fait plus pen- cher vers l’informel que vers les activités économiques formelles. La deuxième dimension renvoie, elle, à l’attitude de l’administration et son manque d’anticipation, mais aussi les carences en termes de communication adaptée à la population concernée par ces changements, indique la députée USFP.

Le PPS, lui, semble prendre ses distances avec le tir à la corde en cours. En effet, Mustafa Benchakroun, tout en estimant que les différences d’appréciation sont les bienvenues, il n’en demeure pas moins pour lui qu’il est plus opportun qu’elles soient une plateforme pour arriver à une solution de la problématique posée. Selon le député du parti du livre, il est clair que l’on ne peut imposer les changements sans une démarche progressive, qui tienne compte des spécificités des acteurs opérant dans le secteur du commerce. Notamment, les petits commerçants. Il en déduit qu’il serait nécessaire aussi d’opter pour une démarche réaliste et partir des études de terrain pour déterminer les seuils d’imposition. Tout en relevant l’opportunité d’une loi de finances rectificative, le député du PPS appelle les chambres de commerce à accomplir leur mission d’accompagne- ment et d’encadrement des petits commerçants. Dans les rangs de l’opposition, le discours est sans ambages. Chargeant la majorité, le PAM appelle, lui, à une loi de finances rectificative. Seul moyen, selon ses députés, pour apaiser la situation. L’objectif, selon les Pamistes, étant de supprimer, tout simplement, les articles de la discorde ! ✱