Valorisation des déchets, enfin une stratégie !

Qu’ils soient ménagers ou industriels, le total des déchets connaitra une amplification très importante d’ici 2030. Toutes les régions sont concernées. Après une longue attente, le Secrétariat d’État chargé du développement durable décide finalement d’agir.

Par Mounia Kabiri Kettani

Le Secrétariat d’État chargé du développement durable vient de dévoiler la tant attendue stratégie

de réduction et valorisation de déchets. L’heure est grave ! A l’horizon 2030, le gisement total des déchets, estimé en 2015 à 26,8 millions de tonnes, connaîtra une augmentation importante pour atteindre 39 millions de tonnes soit un taux de croissance de 45%. C’est ce qui ressort d’une récente étude commanditée par le Secrétariat d’État chargé du développement durable auprès du groupement de cabinets d’études « MEVAC & ECI ».

La ventilation par région montre que le grand Casablanca/Settat vient en tête des régions génératrices de déchets et industriels. Si en 2015 le total des déchets ménagers et industriels dans la région sont estimés respectivement à près de 1,5 million tonnes (MT) et 3,2 MT, en 2030, il est prévu de passer à 2,2 MT et plus de 7MT en termes de DI.

L’étude classe les déchets en deux catégories, les dangereux (Batteries usagées, déchets d’équipements électriques et électroniques, et huiles lubrifiantes usagées) et les non dangereux (Plastique, papier et carton, métaux, et pneus usés).

D’après les chiffres fournis par le rapport, le gisement total brut de déchets ménagers et assimilés est de 5.936.392 tonnes en 2015. La quantité potentiellement recyclable est de 1.446.136 tonnes dont la part réellement recyclée n’est que de 343.971 tonnes. Ces chiffres indiquent que le taux de recyclage par rapport au gisement total est de l’ordre de 6% en 2015.

Pour les déchets générés par les activités économiques, le gisement total brut est de 5.467.508 tonnes en 2015. La quantité de la fraction potentiellement recyclable est de 1.667.415 tonnes dont la part recyclée

n’est que de 640.954 tonnes (soit un taux de recyclage moyen de 11,7% par rapport au total des déchets industriels produits).

Face à ces constats, une nouvelle stratégie de réduction et de valorisation des déchets élaborée par le Secrétariat d’État chargé du développement durable avec l’appui de la Coopération technique allemande (GIZ) est en cours de déploiement.

La mise en œuvre de cette stratégie devra permettre de contribuer à la réduction du coût de dégradation de l’environnement lié à la gestion des déchets, lequel coût a été évalué à 3,7 milliards de dirhams soit 0.4% du PIB. Elle devrait permettre également la création de 25.000 emplois, la contribution à hauteur de 2% au PIB et l’amélioration de la compétitivité nationale de 2 points dans un délai de 10 ans.

La SNRVD se veut opérationnelle en s’alignant aux stratégies, plans et programmes en cours de mise en œuvre, notamment le Programme National des Déchets Ménagers qui a pour objectifs d’assurer la collecte et le nettoiement des déchets ménagers pour atteindre un taux de collecte de 90% en 2020 et 100% en 2030, réaliser des centres d’enfouissement et de valorisation des déchets ménagers et assimilés au profit de tous les centres urbains, réhabiliter les décharges sauvages et développer des filières de «

tri-recyclage-valorisation ». La Stratégie Nationale de Développement Durable cible également le secteur de déchets à travers la promotion d’une gestion intégrée des déchets pour la mise en œuvre

d’une économie circulaire.