Algérie - Le doute d’après l’euphorie…

La renonciation de Bouteflika à un 5ème mandant ne semble pas avoir convaincu les manifestants. Mardi 12 mars, ils étaient dans la rue pour demander le changement.

La journée du lundi 11 mars a été assez mouvementée en Algérie. Dans la rue depuis le 22

février contre un 5ème mandat de Abdelaziz Bouteflika, les manifestants s’attendaient aux nouvelles

après le retour du président sortant de son séjour « sanitaire » à Genève.

Vers la fin de l’après-midi, une « missive présidentielle » tombe. En gros, Bouteflika dit n’avoir jamais

voulu se représenter, reporte l’élection, annonce une conférence nationale devant élaborer une nouvelle

constitution, mais aussi préparer l’élection. En attendant les séquences de ce processus, le locataire d’Al Mouradia reste aux commandes.

Pas de détails, en revanche, sur le timing. Dans la foulée, le premier ministre, Ahmed Ouyahia « démissionne », remplacé, sur le vif, par le ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, qui est chargé de former le nouveau gouvernement algérien, secondé par un certain Ramtane Lamamra, nommé vice-premier ministre. Aux premières réactions, les populations jubilent dans les rues d’Alger et d’ailleurs.

Devant les caméras, la population dit avoir gagné la manche de la renonciation de Bouteflika pour un cinquième mandat. Mais, le doute s’est très vite installé. Sur les plateaux des télévisions internationales, des politiciens et autres observateurs algériens s’expriment. Les propos convergent tous vers ce qu’ils qualifient d’une tentative du « système » de détourner l’attention des manifestants de l’essentiel.

A savoir, « le dégagisme exprimé par la rue ». Certains sont allés jusqu’à qualifier la renonciation d’ « une forme déguisée de prolongation du quatrième mandat ». Une manière détournée, avancent-ils, qui n’est pas sans rappeler la première proposition du président sortant qui consistait en une « année » en cas de son élection où il allait « réformer » de fond en combler le système politique algérien.

La Une du journal Al Watan, datée du mardi du 12 mars, résume bien l’état d’esprit des Algériens : « Il

annule la présidentielles, mais reste au pouvoir : la dernière ruse de Bouteflika ». Après une soirée euphorique, les manifestations ont repris de plus belle mardi. Les manoeuvres du « système » ne semblent avoir convaincu grand monde. En effet, à en croire les observateurs, algériens ou étrangers, les populations se sont exprimées, et continueront à s’exprimer, pour déloger un système, pas une personne