Turquie : L'accusateur accusé

Zaki Y.M., qui était détenu en Turquie pour des soupçons d’espionnage au profit des Émirats arabes unis, a été retrouvé mort en prison dans la nuit de dimanche à lundi (28-29 avril 2019). En donnant cette information ce matin, les autorités turques parlent de suicide. Le détenu a été retrouvé dimanche pendu au niveau de la porte de la salle de bain de sa cellule individuelle dans la prison de Silivri, près d’Istanbul, a précisé le parquet d’Istanbul dans un communiqué. Or, certains observateurs estiment que, faute d'une autopsie effectuée dans les normes et en toute neutralité, les conditions de la mort du détenu restent floues. C'est cet examen médical, nécessaire, qui pourrait déterminer si Zaki Y.M. s'est effectivement donné la mort ou s'il a été tué sous la torture...

Pour rappel, Zaki Y.M. a été arrêté à Istanbul avec une autre personne il y a 10 jours. Il était soupçonné par les enquêteurs turcs d' "espionnage politique et militaire" et d'"espionnage international". Les deux hommes étaient également soupçonnés par les autorités turques d’avoir des liens avec le meurtre, en octobre dernier, du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul. L’opinion publique internationale attend toujours que des preuves soient données sur le bien-fondé de ces accusations. Surtout que la Turquie n’est pas un pays neutre. Tout le monde sait aujourd’hui que ce pays a scellé un partenariat stratégique avec l’Iran, se positionnant ainsi comme pays ayant des intérêts et des alliés à défendre au Moyen-Orient.

De même, la Turquie est dans le viseur des défenseurs des droits de l’Homme. D’ailleurs, l’information concernant Zaki Y.M. a été révélée à un moment où les autorités turques viennent d’allonger la liste des personnes arrêtées sur la base de liens présumés avec le prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d’avoir fomenté le coup d’Etat manqué de 2016 contre Erdogan.Pour cette raison, durant la matinée du vendredi 26 avril 2019, la police turque a arrêté 115 militaires et en recherchait encore 95 autres à la mi-journée. Ces personnes s’ajoutent aux 55.000 autres ayant été déjà arrêtées sur la base de la même accusation.