Assiya Nasri, un ovni marocain dans l’arène politique italienne

Entretien réalisé par Mohamed El Moubarik

Dans une interview avec "Kifache.com", Assiya Nasri dit tout à propos de sa candidature aux élections locales en Italie. Cette jeune marocaine, originaire de la province de Settat, parle de sa candidature, de son ascension et des critiques qu’elle essuie pour son voile...

Assiya Nasri se présente dans la municipalité italienne de Montura en tant que représentante du parti "Cinque stelle". Malgré son jeune âge, son intelligence et son niveau d'instruction lui ont valu la confiance de la présidente du parti. Dans cet entretien exclusif avec Kifache.com, la jeune femme se livre, sans retenue.

 

Qui est Assiya Nasri ?

Je suis originaire de la région de Beni Meskine (province de Settat).  J’ai 19 ans, j'ai effectué toute ma scolarité primaire et secondaire au Maroc.  Après l'obtention de mon baccalauréat, je suis venue en Italie pour poursuivre mes études à l'Université des sciences spécialisée en mathématiques.

 

Pourquoi avoir choisi l’Italie ?

En fait, ce n’était pas mon choix, mon père vit en Italie depuis plus de trente ans. Je possède la nationalité italienne depuis l’âge de 14 ans, donc après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai tout simplement rejoint mon père.

 

Comment avez-vous connu le parti "Cinque stelle" (Cinq étoiles) ?

C’était une coïncidence. J’ai rencontré certains adhérents l’année dernière qui m’en ont parlé. J’ai constaté qu’il y a de nombreuses idées positives et j’ai vite décidé d’y adhérer.

Quelles sont ces idées ?

Le parti se bat pour le développement de l’économie italienne, par exemple. En même temps, la loi dite de "citoyenneté" a été promulguée en Italie. Elle accorde une aide financière mensuelle aux personnes à faible revenu, y compris les migrants. Nous militons pour l’améliorer.

 

Étant donné que vous êtes marocaine, n’avez-vous pas trouvé de difficultés à adhérer à ce parti ?

Franchement non, comme je l’ai mentionné précédemment, le parti défend les droits des immigrés et les étrangers résidant en Italie. Il est donc naturel qu’il n’y ait aucun problème au sein du parti.  Certaines remarques surprenantes proviennent plutôt de la part des personnes extérieures à cette formation politique ou même d’amis proches.

 

Vous représentez maintenant « Cinq étoiles » aux prochaines élections locales, pourquoi vous ?

Le choix s’est porté sur moi pour les élections qui auront lieu le 26 mai prochain pour plusieurs raisons, notamment le fait que je parle quatre langues et que je représente les immigrés et les jeunes au sein du parti.

 

Des sites Web italiens ont rapporté que vous aviez été critiquée après votre candidature, notamment sur les réseaux sociaux. Que s’est-il réellement passé ?

Oui, exactement, il y a eu des critiques, mais cela est venu juste après la publication de ma photo par Silvia Romano sur la page officielle de « Cinq étoiles ». La chef du parti voulait juste annoncer ma candidature. La critique était due au port du voile et non par rapport à mon origine. Certains voient dans le hijab le symbole du retard et du déni du droit à la vie, alors que d’autres disent qu’au nom de l’islam, de nombreux enfants sont morts.

 

Ces critiques vous ont-t-elles affectées ?

Je mentirais si je disais que certains mots ne m’ont pas touché.  Il y en a qui sont choquants et portent beaucoup de haine.  Mais essayer de plaire à tout le monde est sans doute impossible. J'ai une forte personnalité et j'ai confiance en moi-même, et je poursuivrai ma carrière surtout que les membres du parti, y compris la présidente, me soutiennent et ont foi en moi. Je tiens aussi à remercier mes parents qui m’aident et me soutienne.

Je tiens également à remercier le parti qui préconise la réconciliation entre différentes religions et cultures, sans aucune distinction ni discrimination.

 

Jusqu’où comptez-vous arriver ?

C’est me former tant sur le plan académique que politique, et donner une bonne image de l’intégration des immigrés dans la société italienne et surtout représenter positivement mon Maroc d'origine.