Retour à l’islam
Ahmed CHARAI

Les horreurs commises au Kenya rappellent tous une triste vérité. Il y a une certaine manière de vivre la religion en versant dans un extrémisme qui se nourrit d’un sentiment d’humiliation. Instrumentalisée, cette manière peut aboutir au terrorisme, à l’abject. C’est une vérité qui ne met pas en cause les fondements d’une religion qui, en d’autres temps, a beaucoup apporté à l’humanité. Croire que le combat, la guerre contre le terrorisme est simplement sécuritaire est une grave erreur. Cette dimension, celle de la reconquête religieuse, est vitale. Lors de la visite au Mali, le Roi du Maroc a rappelé avec force que l’islam était d’abord une religion de tolérance. Le souverain l’a fait parce que, là-bas aussi, il est considéré comme le commandeur des croyants.

C’est un aspect de l’africanisme du Maroc que d’être omniprésent dans l’Islam subsaharien qu’il a historiquement initié. En retissant ces liens dans des conditions difficiles de lutte contre les religions, le commandeur des croyants remplit son rôle. Celui de guide dans la pratique religieuse. Le Roi du Maroc rappelle aux autres chefs d’Etat une dimension qu’ils ne peuvent ignorer, sous peine de perpétuer un phénomène aux origines multiples. A la base, il y a l’ignorance. Les oulémas et les imams en Islam ne constituent pas un clergé, mais leur rôle est immense. Ce sont eux qui transmettent une compréhension saine du rite. C’est donc la formation de ces formateurs, de ces leaders d’opinion qui doit primer. Le Maroc est engagé dans ce processus depuis l’accession au trône du Roi Mohammed VI qui a fait de la recomposition du champ religieux une priorité. Le statut du commandeur des croyants qui s’étend au-delà des frontières du Maroc permet d’avoir la même démarche vis-à-vis d’une partie de l’Islam subsaharien.

C’est un effort de longue haleine, qui nécessite beaucoup de persévérance. Cet aspect religieux doit être lié à l’effort de développement. L’immense précarité est un champ fertile pour l’extrémisme, tout simplement parce qu’elle est synonyme d’ignorance. L’aide au développement, à ses niveaux actuels, est inefficace parce que trop réduite. Plus rapidement on assurera un niveau de vie décent aux populations, mieux avancera l’éradication de l’extrémisme. Lors de sa visite au Mali, le Roi du Maroc a multiplié les symboles pour porter ce message. Le Maroc est fidèle à son engagement dans la lutte contre le terrorisme. Tous les pays lui reconnaissent un rôle de premier plan dans cette guerre. Mais il est aussi convaincu que l’aspect militaire, à lui seul, est loin d’être suffisant. Le Souverain le signifie avec force. Selon ses moyens, le Maroc offre son aide pour la satisfaction des besoins des populations nécessiteuses. C’est à l’Occident de faire un grand effort. korean translator to english