La guerre contre l’Iran n’aura pas lieu
Ahmed Charai

Par Ahmed Charaï

Le monde entier est suspendu aux développements de la situation dans le golfe. La présence de la flotte militaire américaine, l’extrême tension, les déclarations belliqueuses des uns et des autres, surtout celles des alliés de Trump dans la région, font craindre le pire. Mais ni Washington ni Téhéran ne veulent d’une confrontation militaire ouverte.

Au sein de l’Administration Trump, seul Bolton est en faveur d’une guerre pour changer le régime des mollahs. Mais il n’a pas l’accord de Donald Trump, qui lui a déjà reproché de s’être trompé sur le Venezuela, dont il pronostiquait la chute du régime en une semaine.

Mais Trump est surtout lié par sa campagne électorale. Il avait martelé son désaveu de la guerre de Bush contre l’Irak, trop coûteuse à ses yeux, dont l’économie a souffert et qui n’a pas changé la situation dans la région. Il ne peut se dédire et déclarer la guerre que si l’Amérique est attaquée, ce que l’Iran ne fera jamais, parce que cela est suicidaire et les dirigeants islamistes le confirment chaque jour.

Donald Trump est adepte de la pression maximale pour pousser son vis-à-vis à un deal sur les bases que propose Washington. C’est ce qu’il a fait avec la Corée du Nord, alors que l’on était à deux doigts d’une guerre nucléaire. C’est d’ailleurs le retrait de l’accord du nucléaire qui a entamé ce cycle de tension. Les sanctions de plus en plus sévères, visent à étouffer l’économie iranienne et à priver les pasdarans des ressources qui leur permettent de se projeter sur les théâtres conflictuels régionaux. La stratégie du président américain est cependant plus affinée qu’il n’y paraît. Elle compte s’appuyer sur les aspirations du peuple et surtout de la jeunesse iranienne à une vie meilleure. L’idéologisation extrême du régime iranien est déjà ébréchée par des contestations sporadiques. Parce que le chômage est persistant, l’inflation galope. C’est plus sur ce terrain là que sur celui des libertés que la société iranienne peut se mobiliser. C’est un enjeu essentiel de la stratégie de Trump pour obliger l’Iran à négocier non pas le nucléaire, mais son interventionnisme dans la région.

Téhéran compte sur l’Union européenne et la Russie pour faire contrepoids. Les Européens n’ont pas pu résister à la pression américaine. Les grandes entreprises ont annulé leurs investissements par crainte des sanctions américaines, ce qui rend le bénéfice de l’accord sur le nucléaire quasi-caduc. Le poids diplomatique paraît très faible, puisque Trump a quitté l’accord sur le climat, d’autres traités internationaux sans trop se soucier des positions européennes peu homogènes par ailleurs. Mais le pétrole et son prix imposent à ces pays de rechercher la désescalade. Ce contexte mouvant où le risque d’une guerre est minime, mais où l’intensité de la tension est extrême risque de perdurer, jusqu’à l’ouverture de négociations entre les deux parties.

Sur quelles bases ?