Djerada : la Cité houillère entre hier et aujourd’hui

Par : Lahcen Lashab - «L’otage de la Mémoire»

 

Au lendemain de la fermeture controversée de l'unique pourvoyeur national de charbon, le temps s'est arrêté, le rideau est tombé pour ne plus se relever sur l'épopée fabuleuse de l’Histoire de ce minerai au Maroc et de son acteur principal : l'Homme-Ouvrier-Mineur.

L'espace naturel que Tu as façonné à ta manière avec amour et dévouement conservera soigneusement Ta Mémoire pour une nouvelle mission aussi noble que ton sacrifice au service du Pays et du bien-être des générations que nous sommes et celles à venir.

La fermeture définitive de cette gigantesque industrie minière serait provoquée essentiellement par "l’accumulation des dysfonctionnements, et des actes quasiment délictueux faits de gabegie, de clientélisme et de fautes stratégiques". La sonnette d'alarme a été tirée le 11.12.1969 par les autorités de la mine de l'époque sous le thème révélateur : «Pourquoi les charbonnages sont en périls ?». Le même

constat a été fait lors de la tentative de redressement amorcé en 1992 pour sauver une mine déjà agonisante.

Une vague d'inquiétude s'empara de la population, chacun y allait de ses analyses et commentaires sur ce que allait être la nouvelle vie de l'après-mine, le devenir des nouveaux chômeurs et le sort de la Cité Houillère. La communauté minière venait de vivre l'agonie de l'importante activité économique de la Région, entraînant de facto dans son sillage l’effondrement du pouvoir socioéconomique de la Province. Prise de court, elle assiste impuissante à la dégradation "sans commune mesure" du territoire minier, et l'Humiliation du riche patrimoine Industriel, socioculturel et sentimental d'une valeur inestimable.

Épilogue d'une belle saga du charbon en 3 temps, passé, présent et avenir. Une longue et extraordinaire histoire très riche en rebondissements, jalonnée de peines et de joies autour d'une solidarité légendaire, culture que seul l'Homme-Ouvrier-Mineur de par le Monde peut en mesurer la portée.

Faisant fi des conséquences sociales de l'après-mine, des permis de recherche, d'exploitation et de commercialisation sont octroyés à quelques «individus-privilégiés» au détriment de la mise en œuvre du programme-cadre du protocole d'accord du 17.02.1998  et des préoccupations légitimes des artisans mineurs opérant dans l'illégalité-Légale. «Réunir les Héritiers de la Silicose- paysans-mineurs, dans un cadre légal par la création d'une coopérative (Jerada-Touissit-Sidi Boubeker et Pz Oued El Heimer)- à l'instar de CADETAF, ou la constitution d'une Société par les détenteurs des permis. etc.etc.».  L'otage de la mémoire en avait fait son cheval de bataille depuis le 24.05.2012.

Autrefois, Les Charbonnages Du Maroc (Ex-C.N.A) qui, à une certaine époque, fut sans conteste la bonne école dans tous les domaines. Une Gestion saine, rigoureuse, un support indéniable de l’économie Régionale et Nationale, voire Internationale. Le plus grand employeur (7000 ouvriers en moyenne juste après l'OCP), l’unique pourvoyeur assurant la gratuité de tous les services nécessaires. Djerada jouissait en quelque sorte de «l’autonomie Financière et Socioculturelle», sur fond de stabilité sociale.

Contribuant efficacement à l'essor économique du Pays, les Charbonnages, de par son Anthracite très prisé, assurait le fonctionnement - outre le chauffage domestique et l'export - les grandes Industries Nationales - les Centrales Thermiques - les Cimenteries - les Sucreries et autres petites industries. Tout à fait au début de l'exploitation, la production était essentiellement destinée à l'exportation pour les besoins du développement de l'industrie charbonnière de quelques Pays d''Europe.

Cette contrée Minière longtemps marginalisée qui, malgré les difficultés et grâce au savoir-sacrifice de l'Homme-Ouvrier-Mineur, Djerada a pu et su donner au Royaume des Intellectuels d'ici et d'ailleurs, des cadres de haut niveau professionnel dans tous les domaines. Ingénieurs, Écrivains, Journalistes, Professeurs, Artistes peintres, poètes ..etc. Djerada, une Histoire-Mémoire ignorée.

Plus de 2 décennies après la signature de l'accord-cadre du 17.02.1998, toute la population portant le " deuil perpétuel", perdue au milieu de son territoire tout en gruyère, abandonnée à son sort, fatiguée des promesses sans lendemain, revendique tout simplement l'amélioration des conditions de vie au quotidien. Les cris s’élèvent et les protestations jaillissent de toutes parts...

Après la tempête revendicative, l’accalmie précaire règne dans la ville traumatisée, semble s'instaurer peu à peu, au fur et à mesure de l’inauguration ou du lancement de certains projets prévus dans la plan de développement, lequel est doté d'un budget assez conséquent.  Djerada émerge lentement de son attentisme et se voit doter :