La sinistrose n’a pas lieu d’être

Par Ahmed Charaï

Nous avons une particularité, nous râlons tout le temps. C’est un signe positif d’ambition pour notre patrie, quand cela ne devient pas handicapant. Mais objectivement, le Maroc, dans sa sphère, est le pays qui s’en sort le mieux. Politiquement, alors que l’instabilité règne, que des pays de la région sont en proie à des dramaturgies institutionnelles, différentes mais réelles, le Maroc a des institutions qui fonctionnent.

Ce n’est pas marginal que dans un contexte régional oppressant, depuis 2011, notre pays reste stable. C’est le signe de la solidité des institutions et de l’attachement des Marocains à ces mêmes institutions. Les transformations sociétales sont importantes, malgré la présence forte des conservatismes.

Economiquement, malgré tous les éléments négatifs liés à la conjoncture, le trend est bon. L’investissement public est maintenu, le travail sur les infrastructures, ports, aéroports et routes est même accéléré, la réforme fiscale est en préparation, etc. L’économie marocaine s’adapte à la mondialisation sans fracas, avec même un rôle majeur en Afrique.

Il est indéniable que dans son environnement le Maroc s’en sort assez bien. Nul ne peut le nier en bonne foi. Il ne s’agit pas ici d’auto-glorification mais de faits. La stabilité institutionnelle n’est en aucun cas liée à un autoritarisme quelconque. Nous avons quotidiennement des contestations catégorielles qui s’expriment, sans mettre en danger, nullement, la paix sociale. C’est un luxe que peu de pays peuvent s’offrir.

Les taux de croissance réalisés ces dernières années ne sont pas mirifiques, mais ils existent, alors que la pluviométrie n’est pas favorable, quand d’autres pays de la région sont en récession.

Les réformes avancent, bien que souvent cela prend un peu trop de temps à notre goût. Si on est de bonne foi on est obligé de reconnaitre que durant les vingt dernières années, le parcours réformateur législatif a concerné le sociétal, le social, l’économique, le sécuritaire, qu’il a été très important, très profond et qu’il va dans le sens de la modernité.

Ce constat est fait pour répondre à des discours de démobilisation qui fleurissent au sein de l’élite économique de salon.

C’est bien d’être ambitieux pour son pays, de toujours réclamer plus, mais sans dénigrer les réalisations, sans nier les réalités. Bien évidemment il y a des faiblesses, des choses à corriger. Beaucoup de pays nous envient notre bilan. Il fallait le souligner.