GRANDE BRETAGNE: Vers une bulle immobilière?

Par Ed Hammond, Jim Pickard et Kate Allen

La part des logements britanniques entièrement acquis en espèce a atteint un niveau record de plus d’un tiers, soulignant la reprise à deux vitesses du secteur immobilier, et suscitant des doutes quant aux craintes d’une nouvelle bulle alimentée par la dette. Les révélations affi rmant que les prix des logements britanniques ont dépassé leur pic d’avant-crise, compliquent la situation pour les décideurs politiques qui se demandent si un rebond ne poserait pas un risque systémique pour l’économie. Une étude approfondie des transactions immobilières résidentielles, rédigée à l’intention du Financial Times par Savills and Hometrack, constate que 83 milliards £ ont été dépensés pour l’acquisition de logements sans endettement au cours de l’année dernière, sur un total de transactions s’élevant à £ 237 milliards. Cela signifi e que les achats au comptant représentent 35% des ventes en valeur par rapport à 10-15% enregistrés dans les années précédant la crise fi nancière, soulignant le déclin du fi nancement par crédit bancaire.

Le montant total des dépenses fi nancées par capital, y compris les dépôts de prêts hypothécaires et les liquidités, s’élève actuellement à 62%. Un taux beaucoup plus élevé que la moyenne historique de moins de 50%. Cette tendance est alimentée par Londres, où un montant de 9 milliards £ a été dépensé sur le logement au cours des trois derniers mois seulement, en grande partie par les acheteurs étrangers en provenance de Singapour, de Chine et de Kong Kong. Les investisseurs britanniques sont également attirés par les rendements locatifs relativement élevés par rapport aux taux d’épargne ultra-minces accordés par les banques. Ces chiffres ont été annoncés au moment où Foxtons, l’agent immobilier Londonien, a fait une forte entrée sur le marché boursier la semaine dernière. Les actions de la société ont affi ché une hausse de 16% le premier jour de cotation. L’examen du marché du logement s’est intensifi é la semaine dernière lorsque les données offi cielles publiées ont montré que le prix moyen national du logement avait dépassé son sommet d’avant la crise. Quant à la moyenne au niveau de Londres, elle a atteint près de 10% l’année dernière.

L’organisme spécialisé, La Royal Institution of Chartered Surveyors (RICS), a déclaré la semaine avant dernière que la Banque d’Angleterre devrait manipuler les prêts hypothécaires afi n d’éviter un "boom immobilier futur”. "Une bulle immobilière est défi nie par la hausse des prix à des niveaux insoutenables et par le surendettement des gens”, a déclaré Richard Donnell, directeur de recherche à Hometrack, une entreprise de données immobilières, « Il ne s’agit pas du tout de cela ». Lucian Cook, directeur de recherche de l’immobilier résidentiel à Savills, a déclaré: «On doit obtenir une réponse réaliste de ce qu’est une bulle immobilière. Nous sommes, au mieux, en face d’une reprise modérée ». Les prix des logements ont varié énormément d’une région à l’autre. En dehors de Londres, Surrey est le seul comté où la valeur des biens immobiliers est égale ou supérieure aux niveaux atteints en 2008. Alors que seulement 150 des 3000 localités identifi ées par codes postaux du Royaume-Uni ont connu une croissance des prix de 10% par an au cours des 12 derniers mois. Au Whitehall, on s’inquiète de plus en plus de la façon de gérer une reprise immobilière à deux vitesses. A Londres, les prix sont en hausse de 10 fois plus le taux affi ché dans les régions éloignées de la capitale. Les Libéraux- Démocrates et les Travaillistes ont promis d’introduire la «taxe du manoir» sur les résidences les plus coûteuses, ce qui pourrait en théorie soulager le marché du centre de Londres. Mais ce projet ne verra peut-être pas le jour tant que les Tories représentent le plus grand parti dans la Chambre des communes.