#TaAnaMeToo, la websérie qui brise le silence sur le viol au Maroc
viol

Produite par le studio Jawjab, la websérie animée donne la parole à des femmes victimes d’agressions sexuelles. Des témoignages poignants et une première dans le monde arabe.

Créée par Youssef Ziraoui, producteur et directeur général du studio Jawjab,- filiale d’Ali’n Productions de Nabil Ayouch- ; et mise en images par des artistes et activistes marocains (Meryem Aït Aghnia, Ossama Abbassi, Nass Reda-Fathmi, Zaïnab Fasiki), cette série de vidéos coup de poing donne la parole à quatre Marocaines qui ont accepté de se confier à la journaliste Zaïnab Aboulfaraj sur les violences sexuelles qu’elles ont subies au sein de leur famille ou au travail.



Pour la première fois, et tout en préservant leur anonymat, ces victimes ont décidé de témoigner dans #TaAnaMeToo, la websérie événement dont l’objectif est de briser l’omerta qui entoure les agressions sexuelles au Maroc, où seules 6,6 % des personnes ayant subi un viol osent porter plainte. Sachant qu’une femme marocaine sur deux déclare avoir été victime de violences, selon une enquête du ministère de la famille datée de 2019, dont plus d’un tiers seraient des viols.

websérie contre le viol


« J’avais 10 ans quand mon frère m’a violée pour la première fois. Et ça a duré pendant plusieurs années », raconte une des victimes qui s’est retrouvée doublement pénalisée lorsqu’elle a décidé de tout raconter à sa famille. « Ma mère m’a accusée d’avoir tout inventé. Mon père, lui, n’a pas levé le petit doigt lorsque je lui ai fait part de mon intention de porter plainte ! Douze ans après, mon frère va se marier, il est passé à autre chose, comme si rien ne s’était jamais produit.

Souvent passé sous silence, le viol conjugal est aussi relaté dans la websérie. « J’ai signé mon arrêt de mort le jour où je me suis mariée : le viol conjugal est le pire de tous, car il se produit chaque soir, confie une autre victime. Dès que la nuit tombait, j’avais peur. Alors je m’arrangeais pour me coucher très tôt, avant qu’il ne rentre du travail. Mais il me réveillait et me forçait à avoir des rapports sexuels avec lui », conclut-elle.

L’article 490. Double peine !

Si ces quatre femmes ont choisi aujourd’hui de parler et de raconter leur calvaire devant la caméra, elles ont néanmoins décidé de la faire de façon anonyme. Car, dans la plupart des cas, les victimes risquent être accusées d’avoir pris part à une relation sexuelle hors mariage, et d’être emprisonnées, en vertu de l’article 490 du Code pénal marocain, qui punit « d’emprisonnement d’un mois à un an toutes personnes de sexe différent qui, n’étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles ».