Yémen : Les Émirats arabes unis plaident pour la paix avec pragmatisme

Dans une tribune publiée le 22 juillet 2019 dans le quotidien américain The Washington Post, le ministre d'État émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash clarifie la position de son pays, et celle de la coalition, concernant la situation au Yémen. A l’heure où les Émirats arabes unis réduisent leur présence sur le sol yéménite, Gargash explique que cette décision a été prise en toute lucidité. «Il n'y a pas eu de victoire facile et il n'y aura pas de paix facile», écrit-il, en insistant sur l’impérieuse nécessité de l’aboutissement du processus politique en cours.

S’adressant à l’ensemble des parties prenantes au Yémen, en particulier les Houtis, le ministre plaide pour le rétablissement de la confiance pour qu’un nouvel élan soit créé en vue de mettre fin au conflit. Anwar Gargash interpelle aussi la communauté internationale en l’invitant à «saisir l’occasion», en dissuadant toute partie de saper les efforts fournis, en empêchant les Houthis de bloquer l'aide et en appuyant la médiation déterminée menée par les États-Unis.

Pragmatique, le ministre d'État émirati aux Affaires étrangères sait pertinemment que la vigilance doit rester de mise pour que la sécurité au Yémen soit assurée. «L’armée du gouvernement yéménite porte le fardeau, le plus lourd, en reprenant le contrôle de vastes régions du pays. Ces unités locales resteront en place sous le commandement yéménite et avec le soutien constant de la coalition».

Le ministre rappelle, pour mémoire, que ce sont les forces locales yéménites qui ont brisé l'emprise des Houthis sur le Yémen : «Soutenus par la coalition, ils se sont battus courageusement et avec succès pour reprendre Aden, la deuxième ville du Yémen, ainsi que la plupart des côtes situées le long de la mer Rouge et de la mer d’Arabie». Gargash rappelle aussi le rôle décisif joué par ces forces pour le contrôle de Hodeida. Il conclut que c’est grâce à ces forces que les Houthis ont été contraints de reprendre les pourparlers.

Par ailleurs, le ministre rappelle aussi que l'intervention de la coalition a permis d'atteindre d'autres objectifs importants : «L’Iran s’est vu refuser une autre porte d’étouffement maritime stratégique dans la région. La liberté de navigation entre l’Asie et la Méditerranée via le détroit de Bab el-Mandeb, la mer Rouge et le canal de Suez a été protégée». Et d’ajouter : «Le monde ne veut pas que la menace pesant sur le transport maritime mondial à l'intérieur et autour du détroit d'Ormuz se répète de l'autre côté de la péninsule arabique».

«Sans intervention de la coalition, insiste Anwar Gargash, l’Iran était également en train de reproduire son modèle de guerre par procuration déstabilisant et corrosif du Hezbollah libanais au Yémen. Entraînés, équipés et encouragés par l’Iran, les Houthis ont eu accès à certaines des armes les plus sophistiquées jamais utilisées par un acteur non étatique - drones armés, missiles balistiques et engins piégés radiocommandés. L’Iran était prêt à tirer pleinement parti du contrôle total exercé par les Houthis sur le Yémen».Le ministre s’arrête aussi sur le rôle déterminant de la coalition contre l’expansion du terrorisme dans la région. Il en donne pour preuve la neutralisation de la menace d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), l’une des franchises les plus dangereuses du tristement célèbre groupe terroriste. «Des unités locales yéménites, activées et soutenues par la coalition, ont démoli le califat naissant d’AQPA dans et autour de la ville portuaire de Mukalla», souligne-t-il. En plaidant pour la paix, le ministre d'État émirati aux Affaires étrangères a tenu à préciser que les EAU et le reste de la coalition ne quittent pas le Yémen. «Nous opérerons différemment, mais notre présence militaire restera. Conformément au droit international, nous continuerons de conseiller et d'assister les forces locales yéménites. Nous répondrons aux attaques contre la coalition et contre les États voisins. Avec nos partenaires internationaux, nous resterons vigilants pour garantir l’accès aux principales voies navigables». En rappelant que l’aide apporté au Yémen a dépassé 5,5 milliards de dollars depuis 2015, il a la poursuite du soutien de son pays aux grands programmes d’aide humanitaire, ainsi qu’à l’ONU et aux organisations internationales présentes dans le pays.

Anwar Gargash réaffirme enfin la détermination de son pays et de la coalition à soutenir l’ONU dans ses efforts pour le rétablissement de la paix au Yémen. Un objectif que le ministre estime proche. Son seul souhait est que les Houthis, eux aussi, aient les yeux grands ouverts pour saisir l’opportunité ainsi offerte.