La feuille de route
Ahmed CHARAI

Le nouveau gouvernement n’aura pas la tâche facile, c’est le moins que l’on puisse dire. Le précédent, englué dans la politique politicienne, a un faible bilan. L’exécutif se doit de passer à la vitesse supérieure. Les dossiers sont connus, les attentes se font pressantes. Sur le plan politique, il y a la constitution à mettre en oeuvre, par les lois organiques, mais aussi par l’organisation des élections municipales et professionnelles, afin de mettre en conformité la chambre des conseillers. Le dossier des retraites est d’une importance capitale. Il faut assurer la pérennité des caisses, se fixer un horizon pour rétablir les équilibres. Ce n’est pas dans la joie que l’on peut annoncer aux Marocains qu’il faudra travailler plus longtemps, cotiser plus pour percevoir une retraite. L’effort de communication, de pédagogie pour éviter les conflits sociaux, sera sans doute monumental. Les questions économiques sont aussi bien connues.

La nécessaire réforme fiscale, le démantèlement des niches, doivent s’opérer rapidement. Mais c’est une opération complexe, parce qu’il faut assurer à l’Etat plus de recettes sans handicaper la compétitivité des entreprises. On ne l’a pas relevé, mais le patronat, par le biais de la CGEM a changé de cap. Il s’attache plus à un équilibre entre le fisc et le contribuable qu’à la pression fiscale. Pourtant, celle-ci reste forte par rapport aux économies de même taille. Les recommandations des Assises de la fiscalité vont dans le bon sens. Le monstre, c’est la caisse de compensation. Son démantèlement, son remplacement par l’aide directe, s’est révélé politiquement difficile, voir impossible. Réformer le système pour alléger le fardeau, telle est la solution choisie. Elle n’est pas optimale, mais elle répond à une nécessité. Comme on le voit, les chantiers multiples nécessitent des décisions courageuses, parfois impopulaires par nature.

Le nouveau gouvernement n’y arrivera pas s’il s’enferme dans une logique politicienne. Son chef doit quitter définitivement son habit partisan et prendre l’étoffe d’un patron de l’exécutif. Pour réformer, il faut l’adhésion de larges couches de la population, matérialisée par un consensus des partenaires sociaux. C’est cette visibilité qui a manqué lors des deux premières années de l’actuelle législature. La confiance s’est érodée. Pour la rétablir, il faut travailler tout simplement. Gouverner, c’est prendre des décisions et les assumer, tout en les expliquant. Les réformes attendues vont susciter des résistances, c’est dans la nature des choses. Mais elles sont à la fois urgentes et nécessaires pour éviter l’enlisement dans le cercle vicieux de l’endettement. Il suffit de leur expliquer, les marocains peuvent l’entendre.