VENDREDI: Le scoop d’Assad
Vincent HERVOUET

Siwar al Assad est le cousin de Bachar, le dernier des seize enfants de Rifaat al Assad. Quand on le rencontre, on cherche sur ses traits la trace de cette parenté. Le calme qu’il oppose à ses accusateurs, peut-être ? Il portait des culottes courtes quand son père alors Vice-Président de la Syrie fût chassé de Damas par son frère Hafez qui le soupçonnait d’avoir comploté, entrainant dans sa fuite quatre cents de ses partisans. Siwar est un Syrien de la diaspora. Il a grandi en nomadisant entre Paris, Genève et Marbella tel le rejeton d’une famille royale en exil, avant de se fixer en France. C’est en français qu’il écrit des romans policiers et c’est en fils loyal qu’il défend les intérêts de son père. Deux ONG qui prétendent lutter contre la corruption (Transparency International et Sherpa) ont porté plainte pour blanchiment. Ils réclament des comptes à Rifaat sur l’origine de l’argent qui lui a permis de constituer son patrimoine immobilier. Trente ans après… Un juge a aussitôt ouvert une information judiciaire, offrant ainsi à l’opinion un nouveau rebondissement dans le feuilleton des « biens mal acquis ».

Les biens de Rifaat al Assad ont-ils été mal acquis ? C’est sans doute impossible à prouver, le contraire aussi d’ailleurs. Tout le monde s’en moque en dehors des notaires et des avocats qui ferraillent déjà. L’affaire est douteuse sur le plan judiciaire mais transparente sur le plan politique. Rifaat souffre d’un double handicap : sa fortune et son nom. Cela devrait suffire au tribunal de l’opinion : à défaut de bombarder Bachar al Assad, boucler Rifaat al Assad au nom du principe bien connu, « Si ce n’est pas toi, c’est donc ton frère ». Ajoutez à cela la mauvaise réputation que lui font depuis trente ans les Frères musulmans acharnés à sa perte. Siwar a beau jeu d’expliquer que son père a été le premier opposant du régime. A ce titre, Francois Mitterrand l’invita à s’installer en France et le fit Grand officier de la Légion d’honneur.

A ce titre aussi, il fut largement subventionné par les pays du Golfe qui voyait en lui une alternative au régime en place et un beau-frère du roi d’Arabie saoudite. L’Exécutif suit l’affaire de loin. Mais dresse soudain l’oreille quand le jeune homme de sa voix tranquille affirme que « la paix est proche en Syrie ». La diplomatie française qui s’est lourdement trompée en Syrie, notamment sur la résistance du régime alaouite, aimerait bien comprendre d’où vient la confiance de Siwar. Réponse à Genève, où doit se tenir la conférence de paix improbable en novembre. Et où vit déjà Rifaat Al Assad qui a bien l’intention d’y participer au nom de l’opposition en exil !