Royaume-uni: Miliband promet de geler la facture énergétique

Par George Parker, Elizabeth Rigby et Jim Pickard

Ed Miliband a ouvert un nouveau front dans une guerre oratoire avec les grandes entreprises. L’escalade a eu lieu le mardi 24 septembre lorsque le chef de file de l’opposition travailliste britannique a promis d’imposer un contrôle des prix dans le secteur de l’énergie lors d’un discours musclé au Congrès annuel du Labour à Brighton. Le leader travailliste s’est engagé, s’il remporte les prochaines élections, de geler pour deux ans les prix de l’énergie pour mettre fin aux «puissants groupes d’intérêts qui rendent difficile la relance économique». La proposition d’introduire un contrôle en matière de prix de l’énergie - destiné à atténuer ce que M. Miliband qualifie de «crise de la hausse du coût de la vie» - a attiré les foudres de l’industrie et des ministres. Sir Roger Carr, le président de Centrica, a décrit le gel des prix comme «la recette de la ruine économique,» et a affirmé qu’il ne serait «plus viable économiquement de continuer» en Grande-Bretagne. Ed Davey, le secrétaire à l’énergie du parti Libéral démocrate, a rappelé que «Quand on a essayé de fixer les prix de l’énergie en Californie, cela a entraîné une crise de l’électricité et des pannes généralisées». Michael Fallon, le ministre de l’énergie Tory, a déclaré que : «la décision de geler les prix du gaz et de l’électricité risque surtout de geler les nouveaux investissements et d’augmenter le risque des pannes électriques».

Mais pour M. Miliband, l’heure viendra de savourer le contrecoup qu’il espère mettra en évidence sa prétention d’être du côté des familles ordinaires contre les grandes entreprises. «Les entreprises ne vont pas apprécier la démarche parce qu’elle va leur coûter de l’argent», a déclaré M. Miliband. Et d’ajouter qu’elles ont pour longtemps surfacturaté les consommateurs. Le parti Travailliste entend que le gel des prix - destiné à s’étendre jusqu’en 2017 pendant que les réformes de la concurrence dans le secteur sont mises en oeuvre - permettrait au ménage moyen d’économiser 120 livres et l’entreprise cliente 1,800 livres. Dans un discours prononcé sans notes et accueilli avec enthousiasme, M. Miliband a fait le sermon de résister à la grande entreprise et les banques. Une approche tout à fait opposée à celle de Tony Blair qui courtisait la City avant les élections de 1997. L’attaque contre les sociétés d’énergie fait partie en fait d’une offensive plus large du parti Travailliste contre les grandes entreprises puisque M. Miliband a tenté de positionner son parti du côté des petites entreprises et des familles de travailleurs ordinaires. Il a suggéré que le parti travailliste pourrait confisquer des terrains aux promoteurs immobiliers, s’ils les thésaurisaient pendant trop longtemps en vue de construire de nouveaux logements. Il a confirmé par la même occasion un plan visant l’augmentation de 20p à 21p du taux d’impôt sur les sociétés pour les grandes entreprises pour pouvoir financer une baisse de l’impôt foncier des entreprises. John Cridland, le directeur général de l’organisation des employeurs CBI, a qualifié la tentative de M. Miliband à établir une distinction politique entre les petites et les grandes entreprises de «séparative» et d’une «rechute du pouvoir de l’entreprise du Parti travailliste»