Tunisie : Le duel Saied-Karoui officiellement confirmé

Les résultats officiels ont confirmé, ce mardi 17 septembre 2019 la tenue d'un étonnant second tour de la présidentielle en Tunisie, qui opposera deux outsiders, le juriste austère Kais Saied et le magnat controversé des médias Nabil Karoui, actuellement en prison.

Communiquant les résultats officiels, l'instance indépendante chargée des élections (Isie) a confirmé que Saied était arrivé en tête avec 18,4% des voix, et qu'il serait opposé à Karoui (15,58%).

Exit les représentants du pouvoir des années post-révolutionnaire: la formation d'inspiration islamiste Ennahdha, principale force au Parlement et qui avait présenté pour la première fois un candidat, a vu Abdelfattah Mourou arriver troisième avec 12,88% des voix, confirmant l'érosion de son électorat depuis 2011. Quant au Premier ministre sortant Youssef Chahed, il termine à une très modeste 5e place (7,4%).

Peu avant l'annonce officielle des résultats, Ennahdha avait félicité les deux gagnants, démentant implicitement d'intenses rumeurs sur une éventuelle disqualification de Karoui pour des "dépassements" durant la campagne, qui aurait pu entraîner la qualification de Mourou au second tour.

Parallèlement au décompte des voix, l'Isie est en train de se pencher sur les infractions à la présidentielle. Parmi celles évoquées, la campagne menée tambour battant en faveur de Nabil Karoui par la chaîne Nessma TV, qu'il a fondée.

"Nous analysons (...), mais pour déchoir un candidat, il faut avoir une raison valable et solide d'infraction", a argué la porte-parole de l'instance, Hasna Ben Slimane.

Les avocats de l'homme d'affaires, accusé de blanchiment d'argent et fraude fiscale et en détention provisoire depuis le 23 août, ont indiqué qu'ils déposeraient une nouvelle demande de libération dès les résultats confirmés.

Karoui reste éligible tant qu'aucune condamnation ne le prive de ses droits civiques, a souligné à plusieurs reprises l'Isie.

En fonction des recours, le second tour pourrait être organisé le 6 octobre, soit le même jour que les législatives, ou le 13 octobre, a précisé l'instance électorale.