Ali Benflis pourra-t-il sauver l'Algérie ?

Les candidats aux élections présidentielles algériennes sont nombreux, mais il faut le reconnaître très peu ont des chances. Les Algériens iront voter sous les yeux de leurs plus proches voisins tunisiens et marocains. La région n’a pas complètement abandonné le rêve de ce Maghreb uni. 

Article publié dans L'Observateur du Maroc et d'Afrique du 4 octobre 2019

La date du dimanche 12 décembre, a été annoncée par le chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah qui a appelé les citoyens « à contribuer collectivement (…) le 12 décembre prochain, à l’écriture de l’histoire de leur pays et au choix de leur nouveau président ». On essaie de mobiliser les électeurs pour qu’ils aient voter en grand nombre. Un taux de participation élevé est toujours un signe de confiance et d’intérêt des citoyens. Le processus vient enfin d’être mis sur les rails après deux tentatives avortées. La première en avril et la deuxième le 4 juillet suivant. La première avait pour candidat Abdelalziz Bouteflika qui briguait un cinquième mandat, la deuxième avait du être reportée par manque de candidats. Bien qu’on ne puisse pas encore évaluer les chances des candidats, on peut constater la présence d’un poids lourd de la politique algérienne. L’ancien premier ministre Ali Benflis qui a annoncé officiellement sa candidature le 27 septembre. Ce sera sa troisième candidature. C’est dire qu’il y tient. Et s’il y tient c’est parce qu’il estime qu’il a une proposition sérieuse à faire aux algériens.

« En prenant la décision de la participation aux prochaines élections présidentielles vous avez pris une décision dans la lignée de notre projet politique, une décision à la hauteur des enjeux et des défis du moment, une décision qui place l’intérêt général au-dessus des intérêts partisans », a déclaré Benflis, lors d’une réunion de son parti Talaie Al Houriet. Le parti propose ainsi un projet dont la portée «dépasse largement le cadre de notre seul Parti politique, Talaie El Hourriyet ». Il veut l’inscrire dans la perspective, beaucoup plus large, d’un « rassemblement pour une sortie de crise ouvrant la voie à un changement démocratique qui intègre la totalité des revendications et des aspirations de la Révolution démocratique pacifique en termes de construction d’un Etat de droit et d’instauration d’un régime démocratique ». Mais pour se porter candidat et réaliser ces objectifs, Ali Benflis a posé ses conditions dont les mesures d’apaisement, le départ du gouvernement Bédoui et surtout la mise en place d’une autorité électorale indépendante et la révision de la législation électorale.

Quoi qu’il en soit, le voilà candidat donc probable futur président. Une fois installé il aura d’abord à rétablir la confiance du peuple dans une institution dont l’image s’est beaucoup dégradée avec le régime Bouteflika. Il aura aussi à travailler en profondeur le champ économique délabré qui alimente la colère des Algériens qui ne comprennent toujours pas pourquoi leur pays, un des plus riches se retrouve parmi les pauvres. Le chômage atteint des proportions inquiétantes, les fondamentaux de l’économie ne sont pas rassurants et la population n’arrive pas à trouver certaines denrées alimentaires essentielles. Benflis aura du pain sur la planche et pour qu’il fasse avancer son projet, il est nécessaire que l’armée comprenne qu’il faut lâcher du lest. L’histoire personnelle et politique de Benflis plaide en sa faveur, encore faut-il qu’il ait les moyens de sa politique.

Lire aussi :

Brahim Oumnsour : « L’obstination du pouvoir pourrait radicaliser les manifestants »

La rue dit « Non ! » à Gaïd Salah…

Algérie – Benflis Président ?