VENDREDI: La bataille perdue de l’Unesco
Vincent HERVOUET

La défaite est meilleure pédagogue que la victoire. Elle dégrise. Joseph Maïla a échoué à se faire élire à la direction générale de l’Unesco et en tire volontiers les leçons. Comment expliquer que la directrice Irina Bukova ait été reconduite pour un second mandat, malgré les comptes en perdition et l’état de mort clinique de pans entiers de l’institution ? La Bulgare était soutenue par les Européens, qui ne sauraient laisser battre une femme. Les Américains ne paient plus à l’Onu leur quotepart depuis que les Palestiniens y ont un strapontin mais ils soutenaient l’ancien ministre communiste qui a viré farouchement atlantiste. Le Brésil aussi, car Dilma Roussef est d’origine bulgare.

Ajoutez le soutien de la Russie et de l’Inde et la directrice la plus improbable de l’histoire de l’institution a obtenu une élection de maréchal ! Plus frappant, l’analyse du vote montre que les Africains de l’Ouest ont voté comme un seul homme pour le candidat de Paris, alors que les Africains de l’ouest soutenaient un troisième candidat, originaire de Djibouti. La France-Afrique a de beaux restes. Autre leçon : bien que Libanais, J. Maïla n’a pas pu compter sur le vote des pays arabes car il est perçu comme chrétien maronite. Boutros Boutros Ghali avait connu le même genre de mésaventure. Ainsi, se dessine un nouveau monde où les Américains sont passifs, les Européens arcboutés dans un certain conservatisme et où l’on voit les pays émergents batailler ferme pour imposer leur vision. En attendant, l’Unesco dont la mission semble s’être réduite à tenir à jour la liste du patrimoine de l’humanité est désormais elle-même un chef d’oeuvre en péril.