Libre cours
Naim KAMAL

DEVINETTE : Il a dit à des députés européens que vous avez mal fait d’accorder au Maroc le statut avancé. Pour vous aider, ce n’est pas un diplomate algérien ni un représentant du Polisario. Du moins en principe. Il vient aussi de déclarer que le site d’information Lakom n’appartient pas à Anouzla mais à quelqu’un en France et qu’il a été financé par une ONG basée au Danemark. Il n’a pas dit qui finance cette ONG ni pourquoi elle finance un site marocain. Sans doute pour les beaux yeux de sa ligne éditoriale. Il ajoute que ni Anouzla ni luimême ne figurent dans les statuts de la société éditrice. Voilà que le mystère s’épaissit. Ou s’éclaircit. Pour vous aider encore, il est grand. Seulement de taille, comme préciserait le défunt général de Gaulle. Quand je dis grand, j’ai comme référence la moyenne marocaine. Si j’en juge par la taille de son géniteur, sa hauteur n’est pas génétique. En revanche, son ego hypertrophié, si.

Il voyage beaucoup, prend l’avion souvent, semble-t-il en first classe, enfin je n’en suis pas sûr, mais sûrement pas en EasyJet. Un jour, il est à Princeton, l’autre à Washington, le lendemain à Paris, le surlendemain à Bruxelles, bref, il suit la rotation de la terre, court derrière les fuseaux horaires, ne souffre pas du jetlag et habite les hôtels. Le financement de cette vie mouvementée ? Probablement encore une ONG, sinon, il doit être drôlement riche. Si vous ne l’avez pas encore découvert, je vais continuer à vous aider. Avec la gueule qu’il a, il aurait pu faire acteur, style flic à Miami Vice et doit pas mal plaire aux femmes, et même aux hommes. Je ne sais pas si lui-même est porté sur la chose et de toute façon, je m’en fous, je suis avec le mariage pour tous. S’il avait été un personnage de bande dessinée, c’est plutôt dans Lucky Luc que je le verrais. Il monte toujours sur ses chevaux et éructe plus vite que son ombre.

Il me rappelle l’anecdote du personnage qui voulait coûte que coûte se faire embastiller, passe et repasse devant un commissariat accusant le régime de tous les maux et les policiers, sadiques, qui lui rétorquent : tu peux continuer, on ne te fera pas ce plaisir. Me reste, avant de vous livrer, si vous ne l’avez pas encore trouvée, son identité, à vous dire que s’il se sent diffamé, il y a entre lui et moi la justice. Comme elle n’est pas indépendante, c’est ce qu’il va répondre, je suis sûr de gagner. Je viens de parler de Boubkar Jamaï, le bien nommé, fils de son père et de son vénérable grand-père, qu’il évoque souvent, comme pour se réclamer d’une légitimité dynastique qui lui fait tant défaut. ERRATUM SANS RAPPORT AVEC CE QUI VIENT DE SE DIRE : mon ami Aziz Hasbi m’excusera. En parlant dans la précédente chronique de son ouvrage, La scène et les coulisses, deux « coquilles » ont déformé un passage sur Driss Basri : Inimitié au lieu d’intimité et utopie au lieu d’entropie. Voici le passage tel qu’il aurait dû paraître : « La fibre aroubi [de Driss Basri] sur laquelle était censée reposer sa sollicitude à l’égard des cadres du monde rural ou urbain pauvre ne menait pas à une intimité. Il réservait celle-ci et, paradoxalement, au monde urbain raffiné. Cette entropie citadine n’était pourtant pas payé en retour, dans la mesure où les citadins de souches le considérait comme un péquenot indécrottable, voire comme un adversaire qui voulait dégommer les Fassis ». Deux petits mots et un texte en est bouleversé, comme moi d’ailleurs.