Iran : Le soulèvement pourrait mettre fin au régime despotique des mollahs

Par Hamid Enayat

Depuis le 15 septembre, l’Iran vit l’un des soulèvements populaires les plus massifs de son histoire, après l’Irak et le Liban. Le mouvement de contestation, démarré dans la capitale Téhéran, s’est maintenant étendu à 187 villes du pays et affectant 31 provinces. Les insurgés veulent voir partir le gouvernement actuel, dirigé par les mollahs, et sa politique destructrice qui enlise le pays dans un gouffre politique et financier depuis plus de 40 ans.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est la hausse des prix des produits pétroliers. Succédant aux manifestations qui ont eu lieu en 2017, le mouvement actuel conteste la hausse du coût de la vie qui a contribué à installer une profonde précarité au sein de la population. La contestation a très vite pris une tournure politique, révélant ainsi la profonde défiance du peuple vis-à-vis de la classe politique iranienne. Les Unités de résistance à la tête de ce mouvement exigent depuis plusieurs semaines une destitution du gouvernement en place.

Depuis le début de la contestation, la répression du gouvernement iranien a été très sanglante, ponctuée de peines de mort et de menaces ouvertes. Plus de 600 manifestants ont déjà perdu, lors de cette contestation, la vie au 1er décembre, tombés sous les balles des forces de répression, composées des Gardiens de la révolution (pasdaran) et des agents du ministère du Renseignement (VEVAK).

Dans un message publié aujourd’hui, Mme Maryam Rajavi, la dirigeante de la résistance iranienne a déclaré : « Le sang versé de plus de 600 jeunes insurgés, les cris de 12.000 jeunes arrêtés dans les salles de torture de Khamenei et un peuple révolté dans tout l’Iran appellent le monde à se dresser contre le fascisme religieux ».

Depuis leur accession au pouvoir, le régime des mollahs a mené une politique dans laquelle la dimension sociale n’avait aucune place. Plusieurs voix se sont levées pour dénoncer l’implication du gouvernement iranien dans le financement de mouvements terroristes dans la région. Celui-ci ne cache d’ailleurs pas son ingérence dans la politique interne des pays de la sous-région. Il lui est également reproché la répression visant à dissimuler les dessous du pouvoir.

L’une des répressions les plus sanglantes fut celle de 1988. Plus de 30.000 personnes, des prisonniers politiques en l’occurrence, avaient été massacrées à l’issue d’une série de procès extrajudiciaires. Il s’agissait, pour la plupart, de membres de l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI) qui représentent depuis plus de 40 ans, l’unique voix d’opposition au régime en place.

Les 10.000 personnes arrêtées lors des manifestations qui durent depuis plusieurs jours déjà risquent la peine de mort, à la suite de l’exhortation de l’imam de la prière du vendredi à Téhéran, Ahmad Khatami sur fond d’accusations d’« inimitié contre Dieu ».

Le chef du pouvoir judiciaire du régime, Ebrahim Raïssi, a révélé dans une déclaration datant du 22 novembre qu’il traiterait avec la plus grande sévérité « quiconque causera de l’insécurité et des dommages aux biens publics ». Il est à souligner que Ebrahim Raïssi, ancien candidat à l’élection présidentielle, a une sinistre réputation en tant que memebre éminent de la commission de la mort de Téhéran qui a ordonné en 1988 la mise à mort des 30 000 prisonniers politiques.

Humant Rights Watch a rapporté des déclarations de Mohammadnabi Moussavi faites à l’agence de presse officielle IRNA. Le représentant du bureau du Guide Suprême dans la province du Khouzistan a déclaré que les émeutiers qui contestent la hausse des prix du carburant méritaient d’être exécutés pour dégradation des biens publics.

Plusieurs appels à la communauté internationale, aux instances de l’ONU ainsi qu’aux organisations de défense des droits humains ont été lancés par la Résistance iranienne. Elle invite l’ONU à dépêcher des missions d’enquête en Iran pour prendre la mesure de la situation, et à apporter un soutien de taille à la lutte populaire contre le pouvoir théocratique iranien.

D’ores et déjà, plusieurs mouvements de soutien au peuple iranien ont décidé d’organiser à Paris une manifestation qui se déroule à la Place du Trocadéro, ce 2 décembre. Il s’agit notamment de la Fondation Danielle Mitterrand-France Libertés, le Comité de soutien aux Droits de l’homme en Iran (CSDHI), du Comité français pour un Iran démocratique (CFID), du Comité parlementaire pour un Iran démocratique (CPID), du Comité des Maires de France pour un Iran démocratique, de l’Association Amitié Franco-iranienne et l’Association des femmes iraniennes en France.