Maroc-Algérie Le diktat de la géographie
Ahmed CHARAI

Une nouvelle crise est passée. Le chef d’Etat algérien l’a lancée par une lettre à un rassemblement pro-Polisario à Abuja. La suite on la connaît, réaction officielle et populaire au Maroc, escalade, puis enfin, le retour relatif à la situation ante. La nomenklatura algérienne prouve ainsi, qu’elle est toujours dans son schéma autiste. Elle sabote les efforts de la communauté internationale en vue d’une solution consensuelle au Sahara. Elle lie la réouverture des frontières à un impossible rééquilibrage des échanges, puisque les produits algériens ne sont pas compétitifs. Elle multiplie les provocations chaque fois que la situation politique interne est en panne, utilisant le Maroc comme un danger externe. Il n’y a rien de nouveau dans tout cela. Cela confirme la thèse selon laquelle la solution du conflit du Sahara dépend de la démocratisation en Algérie. Ce qui change pourtant, c’est le contexte. Les menaces sécuritaires sont de plus en plus visibles. S’il y a des frontières sûres pour l’Algérie, ce sont bien celles qu’elle partage avec le Maroc. Les autres sont des passoires, du pain béni pour les groupes armés.

Ne serait-ce que dans ce domaine, la coopération entre les deux pays devrait être sans faille. La communauté internationale, toutes les grandes puissances, se refusent à toute recrudescence de l’instabilité dans la région. Alger ne peut plus compter que sur quelques régimes satellites d’Afrique et même ce soutien se réduit chaque jour. L’équilibre de la terreur n’a aucun sens dans le cas des deux pays. L’intérêt des Etats et des pays est dans une intégration réussie. Economiquement, parce que la taille du marché plus conséquente permettra de développer les investissements et donc l’emploi. Politiquement, parce qu’une telle pacification permet la régionalisation, la prise en compte des revendications culturelles et sociales des particularismes. C’est l’option la plus réaliste, mais nous en sommes loin. Bouteflika va briguer un nouveau mandat, soutenu par une partie de l'élite militaire et les caciques du FLN. Ceuxlà même qui font de la haine du Maroc, la pierre angulaire de leur projet.

Autant dire que le plus probable c’est la continuité de la même politique. Face à quoi le Maroc ne peut que se montrer patient comme il l’a fait jusqu’ici. La diplomatie fait son travail, les sécuritaires sont vigilants. C’est à la société civile d’entamer un vrai dialogue avec son homologue algérienne. Pour dissiper les malentendus, il faut contrer la propagande officielle bien sûr, mais surtout multiplier les contacts, échanger les expériences dans tous les domaines. Il faut se convaincre mutuellement à tout l’intérêt qu’il y a dans la normalisation puis la coopération. La géographie nous impose de vivre côte à côte et cela ne risque pas de changer. Faisons en sorte de reprendre le cours de l’histoire en jetant les bases du vivre ensemble, indépendamment des provocations des officiels algériens, car eux ne sont pas éternels.