Iran : Le blocage du réseau internet peut-il contrôler la contestation et la révolte des jeunes ?

Par Hamid Enayat

Movahedi Kermani, Imam du Vendredi de Téhéran et représentant de Khamenei, a déclaré : "Le MEK (ennemi juré du régime iranien) veut arracher la paix au cœur des guerriers (forces du régime) en propageant des rumeurs pour les angoisser".  Il a ajouté: "Malheureusement, je dois dire que le cyberespace est sous le contrôle des étrangers. Elle suscite la peur et amène les gens à avoir des opinions défavorables contre le système. Je ne sais pas combien de temps les autorités persisteront avec ce problème. Ce dispositif qui est le nôtre (internet) n'est pas censé être un outil en faveur de notre ennemi.”

Prenant la parole devant la Chambre des représentants le lundi 9 décembre 2019, Rouhani, présentant le budget de l'année 2020, a appelé à un arrêt complet de la connexion Internet avec le World Wide Web. Il a ensuite mentionné le nom de Khamenei, disant qu'il avait récemment "donné l'ordre en cette matière au Conseil suprême pour le cyberespace qui le suit."

Pourquoi le régime iranien a-t-il agressé le World Wide Web ?

Bien sûr, nous avons vu la réponse à cette question d'une manière matérialiste et objective lors du soulèvement de novembre 2019; le ciblage des têtes et le cœur des manifestants non armés a démontré une sorte de brutalité dérivée uniquement du Moyen Âge. Meurtre à huis clos.

Le régime issu des dogmes médiévaux semble aller à l'encontre des réalisations humaines du XXIe siècle. L’approche du régime fondamentaliste de la problématique des femmes et de l'égalité des sexes illustre cette question. Il est donc normal qu'ils luttent contre la liberté, les droits de l'homme, la paix et le vivre ensemble. Mais ici, en particulier, l'expiration ou l'existence du régime iranien est discutable.

Ali Azadi, le commandant de la force de police de Zanjan, a déclaré : "L'ennemi invite les gens à désespérer et à se méfier du gouvernement dans le cyberespace en publiant des convocations virtuelles, ce qui fait partie de leur stratégie et de leur plan".

Le mollah Ali Reza Ebadi lors la Prière du Vendredi à Birjand, a déclaré : "L'ennemi essaie de détruire ce pays en utilisant le cyberespace".

A Ahwaz, Ahmad Reza Hajati a mis en garde "les camarades de Basij et du Hezbollah" contre la peur de la chute des forces du régime et il a dit, "ouvrez les yeux et les oreilles parce que l'ennemi a conçu un nouveau plan. Une partie du plan est exécutée par le MKO (l'ennemi juré du régime iranien)." Il a également ajouté," le cyberespace suggère également que la vie de la République islamique sera bientôt terminée."

Ainsi, le plan de Rouhani pour le réseau national d'Information montre l'inefficacité historique et la contradiction du système avec les communications mondiales libres d'une part, mais, d'autre part, il ne veut pas laisser trente millions de jeunes Iraniens ont l'occasion d'exprimer leur protestation en utilisant cet outil qui est une manifestation d'une société libre et civilisée.

Le journal d'Etat, Hamdeli, a noté que " Ruhani, qui a promis au cours des deux dernières élections de défendre les droits de la citoyenneté et de lutter contre le développement du filtrage est maintenant l'un des pionniers lui-même à s’y opposer." En outre, il dépeint l'imprévisibilité du régime après le soulèvement de novembre, qui est incarné dans les politiques de Ruhani et il a écrit," la présidence de Hassan Rouhani se déplace rapidement vers une destination incertaine."

En date du 5 décembre 2019, Maryam Rajavi, chef de l'opposition de L'Iran a déclaré : "Le soulèvement de novembre a montré que le régime n'est pas capable d'arrêter le flot de protestations et de grogne sociale, et la société iranienne n'abandonnera pas ses protestations. Les choses ne retourneront plus dans le passé."

Dans ces circonstances, le régime Iranien peut-il couper l'Internet pour bloquer l’avalanche des protestations, et du soulèvement des jeunes?