Thomas Reilly-Ambassadeur du Royaume-Uni au Maroc : « Pour les Britanniques, le Maroc c’est un peu exotique et pour les Marocains, le Royaume-Uni c’est un peu coincé »

C’est dans sa résidence, à quelques mètres de la Tour Hassan, que Thomas Reilly m’a accueilli dans une ambiance détendue, juste après le travail.

Nous étions mardi 28 janvier, le temps était agréable et on pouvait parler de questions intéressantes. Mardi, nous étions à trois jours de la date du 31 janvier. Pour les Britanniques cela veut dire Brexit. Rien ne va plus, les jeux sont faits.

Pour les Marocains aussi l’événement est important. Entre le Royaume-Uni et le Maroc, les 800 ans de relations diplomatiques vont devoir se transformer en partenariat bénéfique pour les deux pays. Il va y avoir du nouveau, il v a y avoir du changement, et c'est cela que Thomas Reilly a voulu nous expliquer dans cet entretien.

Entretien réalisé par Hakim Arif

 

L’Observateur du Maroc et d’Afrique : Alors donc, le Brexit c’est fait. Qu’est-ce qui va se passer maintenant ?

Thomas Reilly : Le Brexit a été une question très difficile pour les Britanniques. Ella surgit pour le première fois lors de la campagne électorale de 2015 et à l’époque le Premier ministre David Cameron avait promis un référendum sur la question d’être ou ne pas être un Etat de l’Union européenne. Il a gagné les élections en 2015 et a donc organisé le référendum et la question a été tranchée en juin 2016. Le pays était divisé, le Oui l’avait remporté de très peu. On était plus ou moins à 50% contre 50%. Et puis, on a eu trois ans de débat féroce et difficile, trois ans de paralysie étatique, où il y avait une lutte entre le gouvernement et le Parlement. Une lutte entre les pour et les contre, difficile à encadrer. L’UE a fait partie de ma vie, toute ma vie. J’y tiens beaucoup. Elle fait partie de mon identité aussi bien que ma nationalité Britannique.

On peut dire que le débat est clos ?

A trois reprises, en 2016, lors du référendum, en 2017 lors des élections générales où madame Theresa May était Premier ministre, et dernièrement en 2019, le peuple britannique a décidé de quitter l’Union européenne. En tant que fonctionnaire, je dois tout faire afin que le Brexit soit une réussite. la décision prise par le peuple britannique lors de la dernière élection était bien claire: une majorité tranchante. Il faut remonter dans le temps jusqu’à Tony Blair. Une majorité de 80 sièges au Parlement c’est quelque chose d’exceptionnel. Maintenant, le débat est fini, puisque à trois reprises, le peuple a pris la même décision.

La rupture est-elle immédiate ?

On va quitter l’UE à la fin du mois, certes, mais nous aurons une période de transition qui va durer 11 mois. Au 31 décembre 2020 à 23 heures, on quitte définitivement l’Union européenne. Le 31 janvier on quitte l’UE, mais en ce qui concerne, les accords, les traités et les intérêts internationaux de l’UE, le Royaume-Uni va être considéré comme Etat membre. C’est la période transitoire, d’implémentation. Et pendant cette période, les pays tiers , comme le Maroc vont se prononcer et dire que pour les questions des traités et les accords internationaux, le Royaume-Uni sera traité comme pays membre de l’Union européenne, jusqu’à la fin de l’année. C’est très important.

L’accord bilatéral qui a été signé entre le Royaume du Maroc et le Royaume-Uni n’entre donc en vigueur qu’après le 31 décembre de cette année, à la sortie définitive du Royaume-Uni de l’Union européenne.

Les députés européens vont rester en place jusqu’à quand ?

Jusqu’au 31 janvier 2020. Certains ont déjà quitté. Et donc après 47 ans, la participation du Royaume-Uni au sein de la Commission, au sein du conseil des ministres et du Parlement européen prend fin à la fin de ce mois. En ce qui me concerne, en tant qu’ambassadeur, jusqu’à notre sortie, j’avais en principe le droit de participer aux réunions des chefs de mission de l’UE. Mais le gouvernement britannique a décidé que ce n’était pas une bonne utilisation de mon temps et d’autre part cela freinait les représentants de l’UE dans leurs prises de décision.

Comment vous évaluez aujourd’hui le débat sur le Brexit ?

il y a des amis qui ne se parlent plus parce qu’ils avaient des positions opposées sur le Brexit, il y a même des familles qui ont été divisées à cause de cette question. Eh bien malgré la férocité de ce débat, il est resté dans l’enceinte du Parlement. On n’est jamais sorti pour manifester, pour casser, brûler ou tuer. C’était féroce mais très civilisé. Et pour ça, je suis très fier de nos institutions et de notre système politique qui ont su faire face à cette pression et qui ont continué à remplir leurs missions. Que ce soit la Cour suprême, le système parlementaire, les fonctionnaires, le civil service, tous ils ont démontré une force extraordinaire. Nous sommes restés à un niveau très civilisé.

Maintenant que le Brexit est une réalité, quelles vont être les relations entre le Royaume du Maroc et le Royaume Uni ?

Nous avons signé un accord de continuité le 26 octobre dernier. Quand le Royaume-Uni était encore membre de l’UE, il faisait partie de l’accord le libre échange entre le Maroc et l’UE. Et à travers cet accord, le commerce pouvait se faire entre le Maroc et le Royaume-Uni. Ainsi, le Maroc pouvait mettre les produits exportés vers la Grande Bretagne, dans des camions qui allaient faire la traversée entre Tanger et Tarifa, passer par l’Espagne et la France et traverser la Manche entre Calais et Douvres. Le Royaume Uni et le Maroc bénéficiaient donc de cet accord. Maintenant, avec la sortie de la Grande Bretagne de l’UE, il faudrait un autre accord pour remplacer l’accord Maroc-UE. C’est l’accord que nous avons signé à Londres le 26 octobre. C’est un accord de continuité qui remplace, plus ou moins l’ALE Maroc-UE. C’est donc une continuité, mais il y a quelques changements. Il y a eu une augmentation des quotas des exportations des tomates des fruits, des sardines...notamment. Dans l’autre sens, c’était le blé, le lait en poudre et plusieurs autres produits. Si l’accord avait pour but de juste remplacer les anciens accords entre l’UE et les pays tiers, cela n’aurait pas de sens. Effacer UE et mettre UK, sans changement, cela n’aurait eu aucune logique.

L’idée était de faire de cet accord entre le Maroc et le Royaume Uni une base. D’ailleurs, la semaine dernière une délégation marocaine assez impressionnante était à Londres. Elle a rencontré mon Premier ministre, le Secrétaire d’Etat (ministre des Affaires étrangères) qui ont tous dit que cet accord est une base et qu’il y a des ambitions pour approfondir la gamme et l’application de l’accord bilatéral. Je pense que dans trois ans, nous allons entrer dans des négociations pour amplifier cet accord.

Pourquoi une période transitoire ?

Là il y a une certaine logique à deux niveaux. Premier niveau, si vous considérez que l’UE a des accords avec une quarantaine ou une soixantaine de pays cela fait entre 3000 et 4000 accords. Il est impossible que nous les renégocions tous en profondeur. Il fallait donc des accords de continuité pour reprendre les termes et le contenu des accords entre l’UE et les pays tiers.

Deuxième niveau, et c’est le plus important pour moi, depuis 46 ans, toutes nos relations commerciales se sont déroulées via l’Union européenne. Par conséquent, nous ne nous connaissons pas très bien. A mon avis, il faut une période transitoire pour explorer les possibilités et trouver un équilibre afin qu’un futur accord soit mieux calibré et équilibré, qui réponde aux besoins des deux pays. C’est mieux que de négocier quelque chose maintenant alors qu’on ne se connait pas très bien. Ça nous permettra d’identifier les secteurs intéressants pour les deux pays.

Mais si nous avons signé c’est qu’il y a de grands espoirs, Non ?

Si, prenons un exemple, vous exportez 320.000 tonnes de tomates, vers l’UE chaque année dans le cadre du quota Maroc-UE. Une partie de ce tonnage allait au Royaume Uni. Or, sans l’accord que nous avons signé en octobre, au 31 décembre 2020, les tomates marocaines seraient soumises à un tarif douanier, selon les termes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Par conséquent, cet accord de continuité était une nécessité. L’accord de continuité nous fournit ainsi les bases de nos relations futures. Et comme vous l’avez dit, il y a de grandes attentes et un espoir que nous allons pouvoir élargir, approfondir et améliorer les termes de nos échanges commerciaux.

Mais techniquement, est-ce que les produits marocains en partance pour le Royaume Uni ou les produits du Royaume-Uni destinés au Maroc passeront toujours par l’Europe ?

Pour moi, cela fait partie de l’opportunité. A mon avis, maintenant, il faut mettre des tomates dans des camions, aller jusqu’à Tanger et les mettre dans un container à destination des ports britanniques.

Oui, mais là se posera la question des coûts...

Les coûts seront moindres, par contre le problème va être le temps du trajet. En camion cela prend trois jours et demi contre 5 jours par bateau. Les tomates vont-elles résister ? Comme il s’agit de produits frais, la question est importante. A mon avis, il faut réfléchir maintenant à saisir les opportunités. Nous avons décidé le Brexit, et il s’agit maintenant pour nous de chercher et d’exploiter les opportunités et en tirer bénéfice. Et pour le Maroc, il y a un bénéfice inattendu à exploiter.

Et c’est quoi le bénéfice de la Grande Bretagne ?

Pour nous, il s’agit d’ouvrir le Maroc aux produits et aux entreprises britanniques. Par exemple, quand je demande à un Marocain dans la rue de me citer les dix premiers pays, dans le monde, il va dire, la France et l’Espagne, bien évidemment à cause de l’histoire. Puis, il citera la Belgique et les Pays-Bas, puisqu’il y a une communauté marocaine dans ces pays. Il citera aussi les Etats-Unis puisque c’est les Etats-Unis, puis il va citer l’Italie et l’Allemagne puisque ces deux pays sont puissants et ont de belles entreprises. Ensuite, il citera la Japon, la Chine et la Russie. Et moi je dis, mais le Royaume Uni, il est où ? Quand je suis arrivé ici on me disait qu’il y a quand même 800 ans de relations diplomatiques entre le Maroc et la Grande Bretagne. Mais cela ne compte pas si nous n’avons pas d’échange commercial valable entre les deux pays.

D’où l’intérêt de l’accord de continuité ?

Absolument, l’accord de continuité offre l’opportunité aux entreprises britanniques d’être présentes et faire en sorte que le Royaume Uni soit cité parmi les 10 premiers pays. Il y a beaucoup de secteurs où les entreprises britanniques peuvent travailler. Les énergies renouvelables où nous sommes un leader mondial dans l’éolien et surtout l’offshore wind, le secteur de la finance, la City de Londres, le secteur agricole, nous avons des producteurs d’une qualité superbe, le secteur de l’éducation, le secteur du textile, le secteur des ports, de la logistique et de l’infrastructure où le Royaume-Uni est très fort. Au Maroc vous construisez des ports des routes des barrages...etc, il y a là des opportunités pour les entreprises britanniques pour travailler en partenariat avec les entreprises marocaines

Ce sera plus facile pour les entreprises britanniques d’entrer sur le marché marocain ?

Je ne dis pas que c’est à travers cet accord tout seul que les entreprises britanniques vont pouvoir pénétrer le marché marocain. Mais je dis qu’avec tout ce qu’on a fait ici, avec les visites culturelles, ministérielles, avec les échanges et les nouvelles écoles britanniques, on a quand même su améliorer le profil du Royaume Uni ici au Maroc. Et maintenant, si vous demandez à un Marocain, il va mettre le Royaume Uni en sixième ou septième position. J’espère qu’il y aura donc plus d’opportunités pour nos entreprises de pouvoir travailler en partenariat avec des entreprises marocaines au Maroc.

Ça veut dire surtout que ce sont les entreprises britanniques qui doivent se battre, notamment pour le marché africain...

Oui, c’est une bonne question. Le Royaume Uni cherche maintenant à re-entrer dans le marché africain et le Maroc connaît très bien l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Nord et nous, nous connaissons très bien l’Afrique de l’Est. Donc pour moi il y a une relation triangulaire à faire entre le Royaume du Maroc, le Royaume Uni et l’Afrique. Quand je regarde CFC, Masen, l’OCP, la BMCE Bank of Africa, Marchica et la Royal Air Maroc, il y a des relations que nous pouvons réussir ensemble avec des pays africains. Là aussi, il y a des entrées pour les entreprises britanniques. Mais il va falloir qu’elles luttent. Je ne cherche pas à ce que le gouvernement marocain leur offre des contrats parce qu’elles sont britanniques, il va falloir qu’elles se battent, qu’elles fassent un effort. Mais je veux bien que le gouvernement marocain considère des entreprises britanniques pour des contrats. Il faut que nous ayons nos entreprises à connaître des marché internationaux et à entrer dans l’aventure.

Vous avez quand même une grande concurrence dont la Chine et la Turquie.

Si vous voulez travailler avec un partenaire qui va bien vous traiter, respecter l’environnement, respecter le consommateur, les droits de l’homme et la qualité, venez travailler avec nous. Mais si tout cela ne vous intéresse pas, aller ailleurs. Depuis que je suis arrivé je dis que le partenariat ne peut marcher que si les deux partenaires travaillent ensemble de manière équitable. Le partenariat grand frère, petit frère ça ne marche pas. Un mariage qui est basé sur une relation déséquilibrée ne fonctionnera jamais. Pour moi, un partenariat c’est un partenariat entre égaux. Sinon, il faut laisser tomber, je ne suis pas intéressé. Je ne cherche pas à en tirer des avantages à vos dépens. Au contraire, il faut que nous marchions ensemble. C’est ce qu’offre le Royaume Uni.

Est-ce qu’il y aura du nouveau concernant le déplacement des personnes particulièrement des Marocains vers le Royaume Uni notamment dans le domaine de l’enseignement ?

Je l’espère bien. La semaine dernière, lundi, nous avions le sommet de l’investissement africain, mardi nous avions le dialogue entre le Maroc et le Royaume Uni, et mercredi c’était la haute commission mixte sur l’éducation. Lundi c’était aussi le forum mondial de l’éducation et c’est Said Amzazi (ministre de l’éducation) qui a fait le discours d’ouverture. En ce qui concerne l’éducation, je suis absolument convaincu qu’il faut changer le système éducatif marocain. Je suis francophone, j’aime la France où j’ai fait une partie de mes études et on a même acheté une maison en France. Mais je constate que le Maroc a toujours une tendance à regarder vers la France, il envoie ses étudiants en France, et c’est une erreur. Je le dis en toute franchise. Parce que la langue internationale du Commerce c’est l’Anglais et le système éducatif anglais ouvre l’esprit vers une mentalité de recherche. Au lieu de recevoir toutes les informations qu’on vous offre, vous devez chercher vous même les réponses, faites des recherches, faites des débats...au lieu de tout recevoir. Par conséquent, introduire le système éducatif britannique au Maroc, à l’école, au collège, au lycée et à l’université c’est très important. Il faut que les étudiants parlent anglais, qu’ils pensent en Anglais. Ils doivent être parfaitement confortables dans la langue anglaise. Nous avons signé un accord en 2018 permettant l’ouverture d’écoles britanniques au Maroc. Il y aura des écoles à Rabat, Tanger, Casablanca, Fès, Meknès...

On a aussi signé une convention entre deux universités pour ouvrir des centres de formation des professeurs ici au Maroc. Donc comme vous l’avez dit, l’échange de personnes est fondamental. Pas uniquement pour que nous, Britanniques, ayons un point d’appui au Maroc, non, c’est pour le développement économique et commercial du Maroc. C’est une question clé pour moi.

Il y a aujourd’hui une conviction que les pays africains anglophones s’en sortent mieux que les francophones. Qu’en pensez-vous ?

Pour moi ce n’est pas seulement la langue c’est une question de mentalité et donc du système éducatif. La mentalité du système éducatif britannique est une mentalité de chercheurs. Il faut trouver la réponse, il faut chercher les réponses. il faut débattre avec le professeur. C’est ça le système éducatif britannique. c’est l’apprentissage de la manière de penser, pas seulement une question de la langue.

Mais le Royaume Uni ne risque-t-il pas de tomber dans le même cas de la France qui assure l’enseignement français à une élite ?

Oui, le système britannique comporte un secteur public et un secteur privé. Le système privé est pour les élites, les 5% et les 95% restants vont au public. Mais dire que seuls les lauréats du privé réussissent ce n’est pas juste. Moi, je suis issu de l’enseignement public. 95% de la population ne vont pas au système d’élite. Certes, le système que nous allons exporter au Maroc va être payant. Mais le coût va être moins élevé que d’autres écoles au Maroc.

Est-ce qu’il va y avoir des changements dans la procédure des visas ?

Le gouvernement britannique est en train d’élaborer un nouveau programme pour le visa. On fait des visas pour une question de sécurité nationale. Mais en refusant le visa à un professeur d’Anglais, à un commerçant ou à un ministre on ne protège pas notre sécurité nationale. Il y a un constat que notre système ne fonctionne pas très bien. Je ne peux pas vous dire comment il sera dans le futur, mais ce qui est sûr c’est que le gouvernement britannique l’examine et va le changer très prochainement.

Revenons un peu sur l’Afrique, qu’est-ce que nous pouvons faire ensemble ?

Aujourd’hui, le Maroc est orienté vers l’Afrique et son modèle de développement va dans ce sens. Vous avez des entreprises comme OCP qui produit des engrais spécialisés selon les sols; il y a aussi Masen qui exporte sa technologie vers les pays africains; CFC spécialiste dans l’exportation des services financiers; Marchica, qui fait déjà l’assainissement et l’aménagement de la baise de Cocody à Abidjan; BMCE Bank of Africa, la plus grande banque du continent; Royal Air Maroc, qui a établit des liaisons partout en Afrique; TangerMed qui a déjà des liens avec 38 pays africains. Ce ne sont que des exemples d’entreprises et les Britanniques ont une grande expertise dans le financement des grands projets. Nous avons beaucoup de banques intéressées par les fonds verts et donc qui ont besoin de l’expertise de Masen. Par ailleurs, British Airways pourrait apprendre beaucoup de choses de Royal Air Maroc. Nous avons aussi des entreprises de construction qui peuvent collaborer avec Marchica. Le secteur agricole va connaître une croissance énorme en Afrique, c’est aussi très important, parce que le Royaume Uni a un système agricole très productif, nous importons à peine entre 30 et 40% de nos besoins. Ici au Maroc 40% de la population travaille dans le secteur agricole mais ne produit que 15% du PIB, le secteur n’est donc pas très productif. Ça peut s’améliorer. Nous sommes invités d’honneur au salon international de l’agriculture de Meknès (SIAM) cette année, nous allons y faire venir des entreprises spécialisées dans plusieurs domaines et notamment le fintech.

Quelles sont les entreprises britanniques qui pourraient investir au Maroc ?

Il y en a plusieurs dans les secteurs agricole, des infrastructures, l’assurance, la finance. J’aimerais bien que les entreprises britanniques fabriquent ici leurs produits

Puisque nous avons des frontières communes via Gibraltar que va devenir cette partie du Royaume Uni après le Brexit ?

J’aimerais bien encourager les entreprises marocaines à chercher les opportunités à Gibraltar. Masen pourrait y exporter de l’énergie. Le fait que le Maroc devienne un centre financier pourrait utiliser Gibraltar pour des produits financiers destinés au continent africain. Dans le secteur militaire, il y a une collaboration entre le Maroc et Gibraltar. J’aimerais bien que les Gibraltariens viennent ici comme touristes. L’Espagne est un beau pays pour le tourisme mais le Maroc est quatre fois plus intéressant. Il est très diversifié avec ses montagnes, ses villes impériales, son balnéaire atlantique et méditerranéen. Vous avez des endroits inexplorés...Le Maroc doit mieux se vendre. Mais, il y a quand même 750.000 britanniques qui viennent au Maroc. Mais le Maroc n’a pas assez profité des mauvaises fortunes des autres. Lorsque la Tunisie et l’Egypte étaient fermées les Britanniques cherchaient un endroit où passer leurs vacances. ... le Maroc n’en a pas profité. C’était au Maroc d’aller au Royaume Uni avec une campagne de publicité en disant venez au Maroc. Chose qu’ils n’a pas fait. La Grande Bretagne est déjà la deuxième en nombre de nuitées au Maroc. Quand les Britanniques viennent ce n’est pas pour deux jours mais pour une semaine au moins et ils dépensent beaucoup.

Et que peut faire la Grande Bretagne pour encourager les touristes marocains à y aller ?

En dépit des 800 ans de relations diplomatiques, les deux pays ne se connaissent pas très bien. Pour les Britanniques, le Maroc c’est un peu exotique et pour les Marocains, le Royaume Uni c’est un peu coincé. Tout ce qu’on fait ici avec les manifestations culturelles, les orchestres, la gastronomie, c’est pour diminuer un peu ces barrières. Il ne faut pas voir le Royaume Uni à travers Londres uniquement, il y a des endroits magnifiques à Cornouailles, le Pays de Galle est magnifique, l’Ecosse c’est quelque chose d’exceptionnel et dans le Sud-Ouest vous avez des plages qui sont parmi les plus belles du monde. Et puis vous avez des villes comme York qui sont de véritables destinations avec une charge historique et des restaurants de grande qualité. Le Royaume-Uni n’est plus que le pays du fish and chips et nos restaurants sont parmi les meilleurs du monde.

Question personnelle, qu’est ce qui vous attire au Maroc ?

Quand je suis venu au Maroc, on m’avait dit qu’il n’y avait rien, mais quand j’ai regardé j’étais comme un enfant dans un magasin de bonbons. Je regardais autour de moi il y avait tout et je ne savais pas quoi prendre. Il y a des opportunités immenses, il faut les exploiter. Par ailleurs, j’ai adoré mon travail, j’ai trouvé qu’il y avait tellement de choses à faire entre le Royaume du Maroc et le Royaume Uni. Il fallait seulement essayer. Les portes n’étaient pas fermées et verro uillées, elles étaient entrouvertes. Il fallait juste les pousser. Les marocains voulaient travailler avec nous et pour moi c’était un voyage d’exploration. J’ai de très bons amis ici, personnellement et professionnellement. C’est vraiment très enrichissant et j’ai adoré mon travail ici. Mais la chose qui m’a marqué le plus et qui va rester avec moi toute ma vie c’est la générosité et l’hospitalité du peuple et sa chaleur humaine extraordinaire ».