Ce que prévoit le programme intégré d’appui et de financement

 

Le nouveau programme intégré d’appui et de financement des entreprises est aujourd’hui une réalité. Le coup d’envoi a été donné ce lundi 27 Janvier au Palais Royal. Détails sur les grands axes de ce nouveau dispositif, son fonctionnement et ses principales mesures.

Suite aux hautes orientations Royales, le nouveau programme intégré d’appui et de financement des entreprises voit le jour. La cérémonie de présentation du programme et la signature des conventions y afférentes s’est déroulé ce lundi 27 Janvier 2020 au Palais Royal. Dans son discours devant le Roi, le ministre de l’économie et des Finances et de la Réforme de l’Administration, Mohamed Benchaâboun, a expliqué que ce programme s’articule autour de trois principaux axes, à savoir le financement de l’entrepreneuriat, la coordination des actions d’appui et d’accompagnement de l’entreprenariat au niveau des régions et l’inclusion financière des populations rurales.

« Avec 95% du tissu économique du pays, il n’est plus à démontrer que les TPME constituent, aujourd’hui, le centre névralgique de l’économie marocaine. Elles ont un rôle fondamental dans la création de richesses et d’emplois. Mais nos TPME ont plusieurs défis à relever dont l’accès au financement bancaire, ce qui représente un frein à leur développement. L’insuffisance de trésorerie est d’ailleurs la principale cause de faillite des entreprises », note le nouveau président de la CGEM Chakib Alj. Certes, beaucoup a été fait depuis 2009 pour faciliter l’accès au financement aux PME et TPE notamment en matière de crédits et garanties. Durant les dix dernières années, le total des crédits garantis n’a cessé d’augmenter pour atteindre quelques 110 MMDH avec un montant de garanties qui avoisine les 60 MMDH bénéficiant à plus de 76.000 projets. Les instruments aujourd’hui, ne manquent pas, mais nul ne peut ignorer que l’impact demeure faible. D’où ce nouveau programme qui selon Benchaâboun, comporte plusieurs mesures destinées à contenir et à dépasser les difficultés qui entravent l’accès au financement des jeunes porteurs de projets et des très petites et petites entreprises.

Parmi les nouveautés phares de ce programme, la création du « Fonds d’appui au financement de l’entrepreneuriat » dans le cadre de la loi de finances 2020. « Ledit fonds est doté d’une enveloppe de 6 Milliards de DH répartie sur une durée de 3 ans, financée à parts égales par l’Etat et le secteur bancaire », précise Benchaâboun. Ce Fonds, tel qu’il a été présenté, bénéficiera principalement aux jeunes porteurs de projets et aux petites et moyennes entreprises afin de leur permettre d’accéder au financement, outre le soutien des entreprises actives dans le domaine de l’export. Il favorisera également une intégration économique et professionnelle des travailleurs du secteur informel.

les banques s’engagent

Le président du Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM), Othman Benjelloun a insisté de son côté sur l’engagement du secteur bancaire à demeurer mobilisé pour la réussite et la pérennisation de ce nouveau programme.

« Chacune des Banques s’engage à mettre au service des jeunes porteurs de projets et des Petites et Moyennes Entreprises tout l’accompagnement dans la durée qu’ils requièrent, en termes de proximité, d’écoute, d’assistance à la structuration, de formation ou de Conseil, dans tous les secteurs économiques et de toutes les régions du Royaume », a-t-il souligné. Et d’ajouter que les Banques prennent l’engagement que les produits offerts aux jeunes entrepreneurs seront simples d’accès et d’utilisation, grâce à des procédures allégées de constitution et de garantie, bénéficiant d’une gratuité, au départ, des frais de constitution des dossiers ainsi que de faibles taux d’intérêt, grâce à un taux de refinancement privilégié consenti aux banques par Bank-Al Maghrib ». L’engagement des banques est, également, que « les délais de réponse aux entrepreneurs ne dépassent pas trois semaines », a renchéri Benjelloun, notant que «ces délais seront d’autant plus facilités que les banques se verront confier par la Caisse Centrale de Garantie la délégation d’octroi de garantie pouvant atteindre jusqu’à 80% du montant du crédit ».

détails du nouveau dispositif

Concrètement, le nouveau programme se veut incitatif et innovateur. D’après le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdelatif Jouahri, la Banque Centrale a adopté un ensemble de mesures, notamment la mise en place d’un mécanisme de refinancement illimité de la part de Bank Al-Maghrib de tous les crédits bancaires accordés, qu’il s’agisse de crédits de fonctionnement ou d’investissement. Ce mécanisme de refinancement bénéficiera également aux financements adressés au secteur agricole et aux projets réalisés en milieu rural . « Il s’agit aussi de l’application d’un taux d’intérêt préférentiel de 1.25 % dans le cadre du mécanisme de refinancement des banques des catégories cibles, soit 100 points de moins que le taux directeur de Bank Al-Maghrib et la réduction des exigences en fonds propres dans le cadre des règles de précaution appliquées aux banques en ce qui concerne les crédits qu’elles accordent à ces catégories », note Abdelatif Jouahri. A noter aussi, que ce programme ne va pas se substituer aux programmes existants. Il viendra comme complément et contribuera chaque année à la création d’environ 27.000 nouveaux postes d’emplois et à l’accompagnement de 13.500 entreprises supplémentaires. Des commissions régionales ont été mises en place pour assurer le suivi et le succès du programme. Et le ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration veillera, en coordination avec Bank Al Maghrib, au suivi de la mise en oeuvre de ce programme, à travers l’établissement de rapports périodiques qui seront soumis au Souverain.

De l’avis du membre de la CGEM Hicham Mouttaki, le programme tel qu’il a été conçu répond parfaitement aux attentes du secteur privé et plus spécifiquement aux PME et TPME. D’ailleurs, il confie à l’Observateur du Maroc et d’Afrique que depuis le Lundi ,la CGEM a reçu de nombreux appels de la part des jeunes entrepreneurs et gérants de PME désirant obtenir plus d’informations sur le dispositif. « C’est un signal très fort qui démontre l’intérêt que porte les jeunes au programme. Sur le plan qualitatif, il aura un impact très positif sur le moral des entrepreneurs », note Hicham Mouttaki. Et contrairement aux différents programmes mis en place auparavant, « l’actuel ne pourra que réussir », déclare Hicham Mouttaki. Et il ajoute : « L’un des principaux ingrédients de réussite, est la forte mobilisation de l’ensemble des parties prenantes aussi bien le secteur bancaire, l’état que le secteur privé. La CGEM va s’engager dans ce sens pour sensibiliser les TPE et PME autour du programme. Et nous restons attentifs aux différents détails relatifs à sa mise en œuvre».

Or, si le nouveau programme présente une avancée majeure dans l’histoire du financement des PME, le patron des patrons préconise que le financement bancaire devrait

être complété par les autres modes de financement alternatifs, comme le capital-investissement, le capital-risque, le crowdfunding ou encore les Business Angels. « Une réglementation plus adaptée concernant ces modes de financement devrait voir le jour pour permettre leur développement et compléter ainsi le dispositif bancaire », note t-il. Et d’ajouter « En effet, les règles prudentielles auxquelles sont soumises les banques ne leur permettront pas de financer un tissu d’entreprises qui sont par nature sous-capitalisées. Nous avons le devoir collectif de créer les outils de financement adéquats pour notre économie, pour intégrer les entreprises non éligibles aux financements bancaires, tout cela sans réduire l’immunité bancaire de notre pays»✱

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De la vision à l’action