MAROC-USA Une alliance stratégique
Ahmed CHARAI

Sa Majesté le Roi se rend à Washington le 22 novembre pour une rencontre au sommet avec Barack Obama. Depuis son intronisation, Mohammed VI a rencontré Bill Clinton, Georges Bush et maintenant Obama. La permanence de ces relations à haut niveau a des origines historiques, mais aussi des raisons stratégiques. Le communiqué de la présidence américaine annonçant cette visite est très clair. S’il la situe dans la profondeur historique des relations entre les deux pays depuis 1777, il dévoile aussi les sujets. Le premier concerne la lutte contre les extrémistes. Le Maroc est un allié solide, sincère, dans le combat contre le terrorisme. Les deux chefs d’Etat ont aussi la même conviction. Il ne peut s’agir que d’un combat multiforme où le sécuritaire, qui se doit d’être implacable, n’est qu’un élément du puzzle. Les deux pays plaident pour de véritables stratégies en faveur du développement et du soutien aux transitions démocratiques. La convergence de vue est presque totale sur le fait que l’Afrique et la zone dite MENA offrent des possibilités, des opportunités de développement au bénéfice de tous. Avec une bonne gouvernance, une coopération réelle.

Ces territoires pourraient tirer la croissance de l’économie mondiale. Le Maroc s’y emploie, selon ses moyens, et se place déjà dans la perspective de devenir un hub pour l’Afrique, accompagnant les investissements occidentaux. Les USA développent une approche similaire et parlent de plus en plus d’une coopération " Atlantique ”, Nord-Sud équilibrée. Sur le plan politique, l’administration Obama ne s’en cache pas. Elle valorise au plus haut point les réformes qui ont eu lieu au Maroc. Et y voit « un exemple, un modèle » pour l’ensemble de la région. Non seulement pour les pays où les révoltes ont laissé place au chaos, mais aussi pour les monarchies du Golfe. Il ne s’agit pas d’une posture conjoncturelle, mais de la compréhension des difficultés des transitions dans cette sphère. L’Amérique défend des valeurs mais saisit très bien l’importance de la stabilité. Le modèle marocain, qui intègre les valeurs universelles dans une évolution sans rupture, est apprécié à Washington. Les deux pays ont aussi les mêmes positions sur les questions internationales, Washington apprécie beaucoup les efforts du Maroc en faveur de la paix en Afrique. Le Rôle joué par le Roi Mohammed VI au Mali et en RDC, par exemple, est loué.

De la même manière, la position marocaine sur la Syrie est quasiment identique à celle de Washington et ce, dès le début des événements : Arrêter le bain de sang, priorité des priorités, mais gérer aussi les appétits extrêmes et éviter l’enlisement. La question des négociations au Proche-Orient sera sûrement évoquée. Le Maroc a toujours été un acteur central des négociations de paix. Le Roi Mohammed VI est le Président du comité "Al Qods”. La diaspora marocaine en Israël y voit toujours son Souverain, par fidélité à l’Histoire. Mohamed V avait résisté à Vichy en défense des Juifs du Maroc. Mais pas seulement. Tout, prouve qu’ils ont un réel attachement au pays. La position du Maroc est sans ambigüité. Elle est pour la solution des deux Etats mais en préservant les droits des Palestiniens. Cela fait quarante ans que cette position est immuable. Elle n’est pas fonction des événements, mais le reflet d’une conviction.Cette rencontre est celle d’alliés stratégiques qui ont la même vision des affaires du monde. C’est d’ailleurs le sens du communiqué de la Présidence américaine. Les questions régionales, l’affaire du Sahara en particulier, relèvent de cette même vision. Elle sera sans doute évoquée au cours des entretiens, mais elle ne constitue pas l’unique objectif de la visite.