Les banques européennes ont réduit de 9% leurs prêts aux entreprises
Jens Weidmann

Par Daniel Schäfer à Londres

Les plus grandes banques européennes ont augmenté leurs investissements dans la dette souveraine de plus d’un quart au cours des deux dernières années, tout en réduisant les prêts aux entreprises, alors qu’elles se préparent pour des règles de capital plus strictes sur le plan mondial. C‘est ce qui ressort d’une étude réalisée par Fitch Ratings susceptible d’alarmer les responsables politiques européens qui tentent d’encourager les banques à accroître les prêts aux entreprises en vue de stimuler la lente reprise économique. L’étude de l’agence de notation, publiée la semaine dernière montre que les 16 plus grandes banques européennes ont augmenté leur exposition au risque à la dette souveraine de 26%, soit 550 milliards €, en 2011 et 2012. Dans le même temps, les banques ont réduit leur exposition au risque des crédits aux entreprises de 9%, soit 440 milliards €, selon la même étude qui a examiné les prêteurs étiquetés comme «importance systémique» par les régulateurs mondiaux l’an dernier. Selon les analystes, les règles de Bâle III étaient à blâmer, au moins en partie.

«Bâle III semble déjà impacter la gestion du capital des banques, leur stratégie de crédits et leur exposition aux risques», a déclaré Martin Hansen, analyste macro crédit chez Fitch. Les règles de Bâle III qui devront être effectivement appliquées par toutes les banques à la fi n de 2018, ont resserré les exigences minimales Les banques européennes o prêts aux entreprises Par Daniel Schäfer à Londres Jens Weidmann FTN° de fonds propres. Elles ont renforcé les incitations offertes aux banques pour investir dans les obligations souveraines tout en maintenant un coût élevé des prêts destinés aux entreprises Dans l’étude de Fitch, le coût moyen réglementaire des charges en capital sur les prêts corporate était de 4,7%, soit environ 10 fois supérieur à celui du risque souverain situé à 0,4%. Les règles entrantes qui obligent les banques de conserver une réserve d’actifs faciles à vendre offrent une incitation supplémentaire pour les banques afi n d’investir dans des obligations souveraines ou de déposer les excédents de dépôts auprès des banques centrales. Certains politiques s’interrogent sur le traitement réglementaire préférentiel de la dette souveraine. « Le temps est venu pour aborder le traitement réglementaire de l’exposition à la dette souveraine », a écrit récemment dans le Financial Times Jens Weidmann, président de la Bundesbank. «Sans cela, je ne vois aucun moyen fi able de rompre le rapport banque-dette souveraine »