Confinement obligatoire : A quoi ressemble la vie dehors ?

4ème jour de confinement à Mohammedia. Ce matin, vers 11H30, je décide de sortir pour aller faire quelques courses et acheter des médicaments pour mon mari. A l’extérieur, tout a l’air normal, les voitures circulent dans le calme et chacun a l’air de vaquer tranquilement à ses occupations.

Je me dirige vers Marjane, qui se trouve à quelques minutes de chez moi. A l’entrée de la grande surface, des employés me proposent du gel désinfectant pour nettoyer mes mains. Une fois à l’intérieur, aucun changement, si ce n’est des plexiglass qui ont été aménagés dans chaque caisse pour séparer les caissières des clients par mesure de précaution.

Je fais mes courses tranquillement, les rayons sont pleins à craquer, et je suis ravie de ne constater aucune bousculade.

A l’extérieur, toutes les pharmacies sont ouvertes et font du service continu jusqu’à 18H. « Vous savez, en ces temps durs, on est mobilisé presque 24h/24, nous affirme la pharmacienne derrière son masque en plastique. D’ailleurs, je crois qu’on va travailler au-delà de 18H pour répondre à la demande des citoyens, on ne risque rien, on a notre autorisation signée par le Mqadem », affirme t-elle fièrement, même si des signes de fatigue commencent à se dessiner sur son visage. « Je me désinfecte tellement les mains avec du gel hydroalcoolique que je les ne sens plus ! On ne touche personne », murmure-t-elle derrière la nouvelle barrière dressée à l’entrée de la pharmacie.

En rentrant chez moi, je passe devant des chantiers de bâtiments désertés avant de m’arrêter devant la charrette d’un marchant ambulant pour acheter des fraises : « Prenez ce que vous voulez, me dit-il, je vous les laisse à 13 dh (contre 20 DH avant le confinement). Prenez aussi ces framboises, ce sont les dernières barquettes, on ne va plus en ramener ! », insiste t-il. Curieuse, je lui demande s’il a la fameuse autorisation pour vendre dans la rue ? Il me répond que « non » mais qu’on le laisse étaler sa marchandise jusqu’à 18H. « Vous savez, après 18H, les forces de l’ordre se déploient partout et tout le monde doit décamper ».

Un peu plus loin, je remarque le premier barrage dressé à la sortie de la ville. Je fais demi-tour et je rentre chez moi, tranquillement, comme Un jour normal ou presque !