Coronavirus, quels effets sur les industries manufacturières ? Avis de l’UE.

D’après la délégation de l’union européenne au Maroc, l’effet du Coronavirus pourrait se manifester, d’une part, sur le plan de l’approvisionnement en matières premières et intrants de moins en moins disponibles, et, d’autre part, dans la baisse de la demande étrangère. En effet, certaines activités sont à l’arrêt (automobile), d’autres peinent à trouver des marchés (textile) et certaines risquent d’être bloquées par manque d’approvisionnement en matières premières et produits intermédiaires (agroalimentaire). Pour la délégation, Les produits assemblés (ex. du secteur automobile) sont particulièrement touchés puisque ceux-ci se composent d’articles fabriqués dans plusieurs pays et, par conséquent, nécessitent un transit dans leur processus de fabrication alors que plusieurs usines sont actuellement à l’arrêt mondialement.  « La suspension temporaire des deux groupes européens  Renault et  PSA a un impact inéluctable sur tout le secteur », insiste la délégation de l’union européenne. Et d’ajouter «Alors que l’arrêt temporaire de l’activité de Renault au niveau de ses deux sites de production de Tanger et de Casablanca concerne 11 000 collaborateurs, la suspension des activités de PSA à Atlantic Free Zone touche 1 600 collaborateurs et a des répercussions sur ses équipementiers et ses 66 fournisseurs. L’arrêt de l’activité pourrait à terme se répercuter sur les 180 000 individus employés par l’industrie automobile, les 250 équipementiers automobiles opérant au Maroc autour de neuf écosystèmes (Câblage, intérieur véhicules & sièges, métal emboutissage, batterie, PSA, moteurs, Renault, Delphi et Valeo) ». En gros, en tant que premier secteur exportateur du pays (27% des exportations en 2019), « toute baisse de son activité aura un fort impact sur la balance commerciale »,  prévient l’UE qui note que la crise actuelle risque également de compromettre les objectifs annoncés par le ministre de l’industrie d’atteindre une capacité de production annuelle d’un  million de véhicules d’ici 2022 et d’un chiffre d’affaires à l’export de 100MMDH. Sur le plan national, « les ventes nationales devraient accuser une baisse compte tenu de la faible propension à la consommation en biens durables par la population marocaine et le report du salon Auto Expo initialement prévu pour juin 2020 », ajoute l’UE. A noter que l’Administration des douanes a invité les membres de l’AIVAM à réduire au strict minimum leurs importations. Pour le secteur textile qui emploie plus de 160.000 individus au sein de 1.200 entreprises, il fait face à la fois un problème au niveau de son approvisionnement et de sa demande étrangère. «Les approvisionnements au niveau du secteur sont fortement perturbés, comme une bonne partie de la matière première utilisée vient d'Asie, particulièrement de Chine. De l'autre côté, le secteur souffre d’un problème de visibilité au niveau de la demande, notamment au vu de la baisse de la demande européenne sur le textile et habillement (l’Espagne et la France absorbant près de 60% des exportations du secteur), induisant une baisse des commandes auprès des fournisseurs », souligne le président de l’Association Marocaine des Industries du Textile et de l’Habillement (AMITH), Mohamed Boubouh.