Le rêve maroco-américain

Les relations entre le Maroc et les États-Unis sont appelées à se renforcer. La globalisation des échanges aidant, les deux pays pourraient devenir les catalyseurs des échanges transatlantiques pour rapprocher, plus que jamais, l’Afrique des Amériques.

Prévue le 22 novembre, la visite du roi Mohammed VI aux Etats- Unis et sa rencontre avec le Président américain, BarackObama, est annonciatrice de renouveau dans les relations maroco-américaines. Rabat cherche à consolider sa stratégie de diversification des partenariats stratégiques et Washington à renforcer ses liens avec un allié de référence en Afrique et dans le monde arabe. Les bases sont donc là pour assurer des relations win-win. Les deux pays se connaissent bien. Ils ont appris à coopérer ensemble et il est donc attendu que leurs échanges aillent en augmentant pour atteindre la vitesse de croisière dans un proche avenir. L’accord de libre échange Maroc-USA, signé en 2004 et entré en vigueur en 2006, a été une première base de travail. Cet accord, inédit en Afrique, a besoin aujourd’hui d’être perfectionné pour permettre un rééquilibrage des profits et servir ainsi de bon exemple pour le reste des pays africains et du monde arabe. Mais l’aspect économique n’occultera pas les questions politiques et de sécurité que ne manqueront pas d’aborder d’abord les deux Chefs d’Etats dans leurs pourparlers et ensuite, de hauts responsables des deux pays. Ces derniers devront se retrouver à l’occasion de la 2e session du dialogue stratégique qui les réunira aussitôt après la rencontre au sommet entre Obama et Mohammed VI. Il est également prévu que la commission militaire maroco-américaine se réunisse en décembre prochain à Washington.

Le Royaume est un allié stratégique des USA dans la lutte contre le terrorisme. Le pays a été d’ailleurs parmi les premiers à soutenir « TransSaharianCounterrorism Initiative », une action américaine lancée à la suite des attentats du 11 septembre 2001 en vue de contrer la propagation du terrorisme dans le Sahel. Ce volet de la coopération est appelé à être renforcé au vu des complications que connaît toujours cette région du monde. Politique, économie et sécurité seront au centre des discussions entre Marocains et Américains, mais aussi culture. Celle qui englobe en plus des arts et des lettres, le contact humain qui facilite plus que tout autre moyen la compréhension mutuelle. Cet axe figure en bonne place dans l’ordre du jour des prochaines réunions. Les Américains sont rôdés à cet exercice qui se traduit par des échanges de visites entre organisations professionnelles et non professionnelles ou encore entre différentes catégories socioprofessionnelles, voire entre jeunes… Dans toutes leurs relations avec des pays amis, ils font de cette culture de l’acculturation un axe majeur de coopération.

C’est donc une coopération multidimensionnelle renforcée que Marocains et Américains s’apprêtent à lancer. Relations transatlantiques Le bilatéral n’est pas le seul champ d’action dans les relations entre le Maroc et les USA, tant les deux pays peuvent être l’un pour l’autre une porte ouverte vers de nouveaux horizons. « La position géostratégique du Maroc en fait un point d’accès incontournable vers l’Afrique », souligne Christopher S. Murphy. Ce sénateur américain que L’Observateur du Maroc a rencontré en marge de « Atlantic Dialogues » tenu du 25 au 27 octobre à Rabat est un fervent défenseur de l’approfondissement des relations de son pays avec le Royaume. Lui aussi insiste sur l’esprit win-win qui devra cimenter les liens entre Marocains et Américains. Amanda J. Dory, secrétaire adjointe à la Défense américaine, rencontrée à la même occasion, abonde dans le même sens : « Nous avons énormément de choses à partager.

Je ne fais pas seulement allusion uniquement aux échanges dans le domaine de la sécurité, mais dans tous les domaines, y compris l’économie et la culture ». Ce n’est pas tout. Pour la responsable américaine, il est important aujourd’hui pour chaque pays de développer ses relations à travers le monde. « Et l’espace atlantique offre de grandes opportunités », insiste-t-elle. Pragmatique, J. Dory estime qu’il est possible dans cette perspective de surpasser le blocage que connaît l’Union maghrébine. « Le Maroc a l’avantage d’être la porte d’entrée vers l’Afrique », rappelle-t-il, soulignant que les défis sécuritaires imposent une plus grande coopération interrégionale. De son côté, le Maroc est déterminé à développer ses relations transatlantiques. Le Royaume veutaller, avec les Etats-Unis, vers des marchés transatlantiques porteurs. C’est ce qu’a annoncé, dans sa toute première sortie Mbarka Bouaïda. Intervenant dans « Atlantic Dialogues », la ministre déléguée auprès du ministère des Affaires étrangères et de la coopération a affirmé que les zones atlantiques connaissent l'émergence de nouvelles économies, ce qui contribue à la formation d'un marché transatlantique plus fort marqué par des mutations de grande ampleur pour le continent africain. « Nous devons mener une réflexion stratégique sur cette région en vue de renforcer le lien entre les pays atlantiques et relever, par conséquent, les différents défis », a-t-elle martelé. Et Bouaïda de conclure : « Nous avons besoin de tendre la main à nos partenaires atlantiques, pour travailler ensemble. » Ce sera donc fait, de nouveau, avec les Américains le 22 novembre.