Coopération antiterroriste entre le Maroc et les Etats-unis d’Amérique: Un partenariat à développer

Par WILL MCCANTS et ERIC V. THOMPSON

Depuis le 11/9, le Maroc a connu plusieurs attaques terroristes, dont la plupart ont été perpétrés par des djihadistes radicaux. La plus grande attaque fût celle des attentas de mai 2003 à Casablanca qui ont fait 33 morts, et a été réalisée par des djihadistes d'un quartier pauvre de Casablanca. L’attaque terroriste a ciblé des zones fréquentées par les Juifs et les Européens. Des attaques ultérieures perpétrées en 2007 et 2011 ont également ciblé des intérêts et des nationalités étrangères. Selon le ministère de l'Intérieur marocain, depuis 2003 : 113 cellules terroristes ont été démantelées et 1250 suspects ont été arrêtés pour être impliqués dans 266 complots terroristes déjoués. Pourtant, les responsables marocains prennent le soin de souligner qu'ils ne considèrent pas la lutte anti-terroriste juste comme une question de sécurité nécessitant uniquement une riposte sécuritaire. Le Maroc a une approche à trois volets pour lutter contre le terrorisme djihadiste. Tout d'abord, il traite la question des terroristes djihadistes essentiellement comme une question d'application de la loi, en s'appuyant sur ses services de sécurité intérieure plutôt que sur l'armée pour déjouer les complots et capturer les auteurs des actes terroristes. Ensuite, le Maroc est doté d’une solide capacité de surveillance domestique et de la collecte de renseignements. Les services de sécurité marocains surveillent les groupes soupçonnés d'activités extrémistes aussi bien au Maroc que dans les pays voisins. À cette fin, le royaume oeuvre en étroite collaboration avec les États-Unis et ses partenaires régionaux et internationaux afin d’identifier les individus suspects entrant au Maroc et arrêter leur transit.

Le Département américain de la Justice a aidé la police marocaine et les forces de sécurité à accroître leurs capacités dans ce sens. A titre d’exemple, le programme d’assistance internationale à la formation aux enquêtes criminelles (International Criminal Investigative Training Assistance Program) du Département américain de la justice (DoJ ) a fourni une assistance en matière d'évaluation et de développement du laboratoire de la Gendarmerie royale ainsi que celui de la Police nationale en leur offrant une formation et une assistance technique pour les aider dans leur démarches d'accréditation internationale . Le DOJ et le FBI ont également formé la police et les procureurs marocains sur l'utilisation des enquêtes en ligne et des preuves électroniques , dans le cadre du programme de formation initié par le Bureau de formation et de perfectionnement des fonctionnaires des parquets étrangers (Office of Overseas Prosecutorial Development, Assistance and Training) ( OPDAT ), l'un des principaux mécanismes d’aide du DoJ destinés à la lutte contre le terrorisme. Deuxièmement, le gouvernement marocain vise à atténuer ce qu'il croit être les causes profondes du terrorisme en se servant de ce qu'on appelle le «soft power», la puissance douce dans la société. En offrant une panoplie de services dont notamment les soins de santé, la formation professionnelle pour les pauvres, le développement des infrastructures rurales et l'amélioration des conditions de vie des Marocains, le gouvernement marocain espère contrer l'attrait du message extrémiste et des idéologies, en particulier parmi les souches pauvres et défavorisées.

L'aide américaine au développement au Maroc dont notamment le Pacte Millennium Challenge pour le Maroc - qui inclut des investissements visant le développement de l'agriculture particulièrement dans le secteur fruitier (olives, noix et dates), le soutien à la pêche artisanale et les marchés de poisson , l'amélioration du secteur artisanal dans la ville de Fès, et la formation pour les petites entreprises actives dans tous ces secteurs , en mettant l'accent sur la formation des femmes et des jeunes , ainsi que l'alphabétisation - est considéré comme favorable à cet effort. Le gouvernement marocain considère également que les réformes politiques et une attention accrue aux questions relatives aux droits de l'homme sont autant d’autres composantes de ses efforts déployés pour lutter contre les causes profondes du terrorisme. Troisièmement, le gouvernement marocain tente de contrer l'idéologie djihadiste à l'intérieur du pays par le renforcement de l'influence de l' école traditionnelle de loi islamique Malékite en procédant à la mise à niveau des lieux de culte, la fermeture des mosquées non réglementées , la réhabilitation de celles condamnées pour des crime liés à la terreur , la promotion des valeurs religieuses marocaines à travers les médias : télévision et radio , et la modernisation de l’enseignement de l'islam .

À cette fin, le ministère des Habous et des Affaires islamiques a élaboré un programme pour les imams du Maroc visant la lutte contre l'extrémisme violent et la promotion de la tolérance. Pour lutter contre la radicalisation des Marocains à l'étranger, le Royaume a créé le Conseil Marocain des Oulémas pour l'Europe et a désigné un ministre délégué pour les Marocains résidant à l'étranger afin de promouvoir la modération religieuse parmi les expatriés marocains en Europe. Le Roi joue un rôle direct et personnel dans cet effort en sa capacité de « Commandeur des Croyants » au Maroc. En tant que tel, il a le pouvoir d'émettre des fatwas officielles (décisions liées à la loi islamique) pour les musulmans du Maroc. Alors que les djihadistes radicaux au Maroc peuvent ne pas reconnaître l'autorité du Roi en tant que Commandeur des croyants, la grande majorité des Marocains y croient, donnant ainsi à l'état de la possibilité de contester directement et rejeter les édits du djihad aux yeux de la plupart des Marocains.