La Russie divise par deux ses prévisions de croissance

Par Kathrin Hille à Moscow

La Russie a réduit ses prévision économiques dans une première admission offi cielle que le modèle de croissance soutenu par le président Vladimir Poutine est en train de s’effondrer. Le ministère de l’Economie a affi rmé s’attendre à une croissance annuelle de 2,5% d’ici à 2030, contre une prévision publiée en avril de 4,3%. Il a averti que la croissance russe serait inférieure à la moyenne mondiale au cours des 16 prochaines années. Cette dégradation risque d’accroître la pression sur M. Poutine pour lancer les réformes structurelles que ses conseillers considèrent déjà en souffrance. Une période prolongée de croissance décevante pourrait conduire à un mécontentement croissant dans les régions, qui sont restées relativement fi dèles au président en dépit des protestations initiées par les classes moyennes à Moscou, l’année dernière. La semaine prochaine, est susceptible d’apporter davantage de mauvaises nouvelles. Des économistes indépendants s’attendant à des données décevantes pour le troisième trimestre. Ces données entraveront la réalisation de l’objectif du gouvernement de 1,8% de croissance pour l’année entière, encore moins l’objectif de M. Poutine de 5%, indiquent les économistes.

« Les moteurs de la croissance économique soutenue dans les années précédant la crise économique de 2008 sont épuisés », a déclaré Alexei Ulyukayev, ministre de l’économie. Avant la crise, l’économie a progressé à un taux annuel moyen de 7%. M. Poutine pourrait être tenté par ce ralentissement pour remplacer Dmitri Medvedev au poste de Premier ministre. M. Medvedev a averti à plusieurs reprises des risques économiques systémiques et a appelé à des réformes décisives, mais n’en a guère tenu. Néanmoins, de nombreux analystes estiment que toute restructuration de l’équipe économique devra attendre la fi n des Jeux olympiques d’hiver à Sotchi en Février. Chris Weafer, associé principal chez Macro Advisory à Moscou, a cité les coûts élevés de l’emprunt et une forte baisse de la confi ance des consommateurs et des entreprises comme les principales raisons de ce ralentissement. Le ministère de l’Economie a dit s’attendre à un repli des bénéfi ces des entreprises et des salaires. Quant à l’écart de richesses, il se creusera davantage. Ces tendances constituent une menace à la capacité de M. Poutine d’assurer la stabilité, une promesse qui a conduit une majorité à le soutenir des années après l’effondrement de l’Union soviétique. Un sondage réalisé mercredi dernier par l’École supérieure d’économie, un institut libéral de recherche macroéconomique, table sur une croissance de 1,6% cette année et de 2,1% en 2014.