RHANY « En confinement, j’essaie de donner une lueur d’espoir aux gens »

Le crooner à la voix de velours Rhany Kabbaj est passé en quelques années de la musique au stand-up. Aujourd’hui, il s’essaie au métier d’acteur dans une série télévisée égyptienne mais aussi joue à l’animateur sur sa page Instagram où il anime avec le coach Naji Al Amjad un Live sur la Positive Attitude à adopter pendant le confinement.  

L’Observateur du Maroc et d’Afrique: Tout d’abord, comment vivez-vous votre confinement ?

RHANY  :   Pendant la journée, je consacre beaucoup de temps à mes enfants, je joue avec eux, j’endosse mon rôle d’animateur, je les fais rire. Et comme je suis un grand mordu de cuisine, je leur concocte de petits plats savoureux. J’ai un petit faible pour la cuisine asiatique, j’adore préparer des nems ; j’aime aussi les plats espagnols, genre paëlla. En fait, je m’amuse énormément en cuisinant, j’ai même participé à Master chef sur 2M !

Avant, je regardais beaucoup la télé. Là, je me consacre plus à la préparation de mes « Live » sur Instagram, histoire de donner une peu aux gens un peu de positivité en ces temps d’incertitude. J’ai un peu laissé mon métier de côté, car je sais que mon boulot d’artiste est en suspens pour le moment. Personne ne sait quand on va autoriser de nouveau les rassemblements. Je me préoccupe plus pour ma santé et celle de ma famille que pour ma carrière. Le soir, je travaille quelques heures pour ne pas perdre la main et je prie énormément, histoire de me purifier l’esprit.

Parlez-nous un peu de votre Live Instagram.

Vous savez, cette crise sanitaire a permis à chacun d’entre nous, de se remettre en question. Les gens sont anxieux et ont besoin d’être rassuré. Et moi, en tant qu’artiste et citoyen avant tout, j’essaie de me rendre utile. C’est pourquoi, j’ai eu l’idée d’animer un Live deux fois par semaine sur ma page Instagram avec un coach professionnel, le Dr. Naji Al Amjad, expert en éducation, communication et développement personnel. Pendant une heure environ, nous discutons de sujets divers pour booster le moral des gens comme : le secret du bonheur pendant le confinement, comment rester positif ? ou les bienfaits du confinement... Et comme on a aucun contrôle sur ce qui nous arrive, ni aucune visibilité sur l’avenir, on essaie de positiver au maximum pour rassurer les gens et les aider à bien vivre leur confinement.

Nous évoquons également le côté spirituel avec ceux qui en éprouvent le besoin, histoire d’apaiser les esprits. Vous savez, en ces temps difficiles, certaines personnes persuadées que cette pandémie est un châtiment divin, s’acharnent contre les artistes car ils voient en eux l’incarnation du mal ; d’autres leur reprochent leurs déclarations maladroites au sujet du Covid-19 ! Et comme les gens sont devenus très susceptibles et assez irritables, ils ne supportent pas que tel ou tel artiste affiche sa richesse et s’exprime depuis sa villa luxueuse pour leur dire de « rester chez eux » alors que plusieurs d’entre eux n’ont pas les moyens de vivre le confinement dans les mêmes conditions ! C’est la raison pour laquelle je n’ai pas voulu rentrer dans ce jeu, pour éviter de blesser qui que ce soit. Avec Dr. Naji, on essaie de transmettre des ondes positives et conseiller les gens pour ne pas tomber facilement dans le jugement. On les prépare aussi à l’après-confinement parce que j’imagine que les choses mettront du temps à se remettre en place et plusieurs secteurs auront du mal à se redresser rapidement, notamment le tourisme. Il faut donc s’armer de patience et être conscient que la reprise ne sera pas facile. D’où la nécessité de s’entraider pour venir à bout de cette crise mondiale. On va devoir revoir nos priorités, revenir à l’essentiel, aux valeurs sures et laisser de côté les superficialités.

C’est un travail de fond qui n’est pas facile à effectuer mais si j’arrive à toucher avec mon Live, ne serait-ce qu’une petite poignée de gens, ce sera déjà ça de gagné. Je ne pourrais pas amasser des millions de dollars comme les stars ou footballers internationaux, mais j’essaie avec toute modestie d’apporter ma petite contribution. Ça pourrait en étonner plus d’un, parce que les gens découvrent une nouvelle facette de ma personnalité.

On vous voit actuellement dans une série égyptienne « 2xsendouq » (2 dans une caisse), diffusée sur MBC Masr et où vous incarnez le rôle d’un compositeur marocain réputé vivant au Caire. Pourquoi avoir accepté ce rôle ?

A la lecture du scénario, j’ai trouvé que le rôle était intéressant et très crédible. De plus, c’est une comédie sociale très bien faite ; les Egyptiens sont maitres en la matière, ils réussissent à transformer une situation dramatique en dérision et savent user de l’humour pour traiter des sujets sociétaux assez sensibles. En fait, lorsque le producteur exécutif de la série m’a contacté pour le rôle, j’étais assez surpris, je ne savais si j’allais être à la hauteur de leurs attentes, mais ils m’ont mis en confiance. J’avais à ma disposition un coach spécialisé qui m’a aidé pendant 10 jours à rentrer dans le personnage, à adopter les bons gestes, …ceci bien sûr en conservant mon attitude et en usant de mon accent marocain de temps à autre.

C’est un rôle qui m’a enrichi personnellement, j’étais ravi de pouvoir vivre cette magnifique expérience. Je crois que je fais partie des rares comédiens marocains masculins, qui ont eu la chance d’incarner un vrai rôle dans une série télévisée égyptienne. De plus, elle était réalisée par le grand Mohammed Mostapha.

Comment avez-vous vécu l’expérience d’acteur ?

u début de ma carrière, j’imitais pleins de personnages au théâtre avant de les intégrer à mes chansons. Le théâtre c’est mon premier amour mais j’avoue que le fait d’incarner un vrai rôle dans une série télévisée, n’est pas une mince affaire. Pour moi, la chanson est beaucoup plus facile. Car, quand on joue un rôle, on vit nos problèmes et on endosse celui du personnage en même temps. Certains passages du rôle étaient déprimants, j’ai passé des moments très difficiles, je vivais enfermé dans ma chambre d’hôtel 24 h/24, j’avais rarement l’occasion de souffler et donc de sortir de mon personnage. La plupart du temps, j’étais cloitré et plongé dans mes textes, et des fois, on passait 12 heures/jour sur le plateau de tournage.

Qu’avez-vous retenu de cette expérience ?

En Egypte, ils ont une méthode très efficace. L’important, ce n’est pas d’apprendre les dialogues par cœur mais plutôt de comprendre la situation, pour ne pas perdre justement son côté spontané. L’essentiel c’est que la situation soit comprise. Si on inverse quelques mots, ce n’est pas grave. Entre temps, même si je parlais égyptien, je pouvais glisser des expressions en marocain et retrouver mon naturel. Au théâtre, on est des interprètes, des conteurs alors qu’au cinéma, on est plus des acteurs. Il y a une grande différence entre conteur et acteur. Un homme de théâtre peut être conteur mais au cinéma, c’est différent.

J’ai déjà fait une série au Maroc et mon rêve c’est de réitérer l’expérience en Egypte. J’ai adoré jouer là-bas. Je suis conscient qu’il n’y a pas de réussite sans souffrance, il suffit d’être persévérant.

Quelle a été la chose la plus éprouvante pour vous ?

Ce qui est étonnant dans ce métier, c’est d’incarner un personnage différent de vous et d’être contraint de le vivre pendant des semaines. On devient une autre personne et quelque part, ça nous repose de nous-même. Ce que j’ai apprécié. Mais quand tu incarnes la vie de quelqu’un d’autre, tu vis ses souffrances, ses douleurs, c’est un peu dur à encaisser. Le personnage m’a habité pendant des semaines et j’ai eu du mal à m’en défaire parce qu’un moment donné, je ne faisais plus la différence entre le personnage et moi-même, et ça, je l’ai très mal vécu !

Des projets de spectacles ?

Je suis en train d’écrire un spectacle rempli d’anecdotes, inspiré de ce qu’on vit et ce qu’on traverse actuellement. J’ai des chansons qui sont prêtes mais je les laisse de côté pour le moment.