Covid-19 : Les hôpitaux manquent d’effectifs

Médecin de travail et généraliste opérant à l’unité covid-19 de l'hôpital Sekkat de Ain Chock à Casablanca, Docteur Siham Scalli tire la sonnette d’alarme quant au manque d’effectifs du personnel soignant dans les hôpitaux alors que le pays pourrait bientôt passer au stade 3. 

 

« Casablanca se prépare à un grand afflux de malades hospitalisés, vu l’augmentation du nombre de cas positifs ces derniers jours », c’est ce que prédit Dr. Siham Scalli qui travaille sur le front depuis le début de la pandémie du covid-19. « Les déclarations sont retardées à cause des tests en attente, il faut plus de 4 jours pour avoir une réponse. La polyclinique Ziraoui est déjà réquisitionnée pour le covid-19, la polyclinique CNSS Inara (Ain Chok), a ouvert ses portes hier pour recevoir 70 malades, alors que la capacité ne supporte plus de nouveaux cas, il y en  a déjà 40. « Pour cela, 16 médecins qui faisaient les gardes à l'hôpital Sekkat de Ain Chock ont été déployés, pour assurer des gardes de 24 heures sur 72 heures. Résultat : réduction du temps de repos pour les deux groupes et exposition maximale. En plus les malades transférés à l'hôtel après l'hospitalisation, dépendent aussi de nous pour les visites de contrôle avec tous les risques de va et vient entre l'hôpital et l'hôtel », explique S. Skalli.

Rythme d’enfer

Le rythme de travail et très éprouvant, poursuit la généraliste qui affirme que « certains membres du personnel exposés quotidiennement aux patients ont contracté la maladie et que des fois ils manquaient de blouses de change entre un malade et un autre ! »

Lorsque la foire de Casablanca sera bientôt fonctionnelle pour recevoir des malades confirmés, se posera alors un grand problème d'effectifs (médecins et infirmiers), sachant que seul le personnel du public a l'obligation de travailler, le privé relève du volontariat.

 

Siham Scalli déplore également un grand relâchement des mesures de confinement. « Beaucoup de points noirs surgissent parmi les populations indisciplinées, ce qui va à l'encontre de nos prévisions et bientôt nous passerons au stade 3 de la pandémie avec toutes ses conséquences ». Hier, durant sa garde, l’hôpital a reçu un bébé de 1an et demi, avec sa maman, tous deux positifs. « C'est dur de piquer un bébé pour lui faire un bilan sanguin, et de l'examiner en tenue cosmonaute, en le mettant dans un état de torpeur », regrette S. Scalli, qui réitère son appel « aux âmes conscientes de rester à la maison pour qu'on se libère tous de ce calvaire (citoyens, soignants et autorité) ».