Persécution des chrétiens en Algérie. La riposte des congresmen américains
Doug Lamborn, repru00e9sentant du Colorado au Congru00e8s US

Les autorités algériennes ont fermé plusieurs églises parce qu’elles ne célèbrent pas le culte musulman. Pourtant la constitution est claire à ce sujet, elle garantit la liberté de conscience. Des membres du congrès ont écrit au président algérien une lettre sans concession.

Vendredi 8 mai, des membres du Congrès américain ont vivement critiqué le gouvernement algérien pour avoir autorisé la persécution de chrétiens. « Nous avons des raisons de croire que ces fermetures d'églises font partie d'une campagne de la direction précédente de l'Algérie pour empêcher les chrétiens d'exercer librement leur foi et leur religion », a écrit le représentant républicain du Colorado, Doug Lamborn, dans la lettre que les membres du Congrès ont adressée au président algérien Abdelmadjid Tebboun.

«Ces rapports [de fermetures d'églises] sont troublants car la constitution algérienne définit clairement la liberté de religion pour tous. Elle stipule que «la liberté de croyance et d'opinion est inviolable». Ces fermetures constituent un obstacle évident à la libre pratique et à l'exercice de la religion en Algérie. Ces libertés doivent être garanties à tous les Algériens. », souligne la lettre. La lettre a été signée également par Steve King, Christopher H. Smith et Ron Wright.

Fermetures assumées

« L'automne dernier, j'ai exhorté plusieurs de mes collègues du Congrès des États-Unis à contacter le gouvernement algérien au sujet de certains rapports très préoccupants de fermetures d’églises » écrit  Doug Lamborn qui note que 13 églises en Algérie sont toujours fermées par le gouvernement algérien depuis novembre 2017. « Les fermetures ont culminé en octobre 2019, lorsque les autorités ont fermé les églises les plus importantes du pays, y compris l'église protestante du Plein Évangile de Tizi-Ozou », précise la lettre.

La lettre rappelle que «lors de l'une des fermetures, huit officiers de police exécutant des ordres du gouverneur de la province de Tizi-Ozou ont scellé les portes et les fenêtres d'un édifice protestant de Boghni. Les agents ont également affiché un avis sur la porte indiquant: «Nous, la police de Boghni, informons l'ensemble de la population de Boghni que les locaux illégalement utilisés par le nommé Tahar Chergui pour célébrer le culte non musulman ont été fermés et scellés sur ordre du gouverneur en date du 18 septembre 2019. Signé par le président de la sécurité du district. »

Les congresmen américains ont exhorté le président Tebboune à «encourager la création de protections constitutionnelles supplémentaires et d'autres structures juridiques pour que tous les Algériens puissent pratiquer la foi de leur choix. « Nous exhortons votre gouvernement à autoriser la réouverture des églises que vous avez déjà fermées et à créer un moyen viable par lequel les églises peuvent obtenir une autorisation complète de fonctionner », demandent les signataires.

Rapport des pires violations

« La meilleure défense contre ceux qui cherchent à porter atteinte aux droits de l'homme est de protéger le droit de chacun à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Cette liberté est une condition préalable à toutes les autres libertés auxquelles nous croyons », ajoute la lettre.

L'Algérie compte 43 millions d'habitants à 99% musulmans, selon une estimation du département d'État américain de 2017. La Commission américaine pour la liberté de religion internationale (USCIRF) a inclus pour la première fois l'Algérie dans son rapport annuel 2020 sur les pires violations de la liberté de religion au monde. Le gouvernement algérien «a systématiquement réprimé la communauté protestante évangélique» a écrit l’USCIRF.

L'organisation International Christian Concern (ICC) a salué la lettre du Congrès. «Cela va certainement fournir une pression supplémentaire bien nécessaire aux dirigeants algériens. L'Algérie doit savoir que le monde regarde et le gouvernement algérien devrait prendre note de ce que disent ses alliés afin de développer des relations plus solides avec la communauté mondiale », a déclaré l’organisation lundi 11 mai.

"Nous sommes ravis de voir la lettre arriver à son terme", a déclaré Matias Perttula, le directeur du plaidoyer de la ICC. «La lettre tombe à point nommé, car le rapport de l'USCIRF recommandait à juste titre que l'Algérie soit ajoutée à la liste de surveillance du Département d'État. Tous ces efforts devraient servir de signal d'alarme au gouvernement algérien pour orienter le pays vers une plus grande liberté religieuse pour tous les Algériens. »