Covid-19. Des études bidon qui sèment la panique

L’engouement des réseaux sociaux pour les informations sur la propagation de la pandémie du coronavirus est compréhensible, mais être extrêmement néfaste. Dès qu’une nouvelle étude est publiée, les internautes se jettent dessus et la partagent sans modération. L’exemple le plus récent est celui de l’étude publiée dans The Lancet qui incrimine la Chloroquine, mais qui a été épinglée par les spécialistes qui ont révélé ses défaillances.

Une autre étude a semé le trouble et, disons le, la panique dans l’esprit de millions de personnes à travers le monde, en affirmant que les particules de pollution pourraient propager le SARS-CoV-2. Il s’agit d’un rapport établi par 12 universitaires italiens et mis en ligne à la mi-mars. Il a fallu l’intervention d’autres scientifiques pour dévoiler les insuffisances de ce rapport. L’un d’eux a répondu aux questions du Journal du CNRS français.

Spécialiste?

Le physicien et chimiste Jean-François Doussin a expliqué pourquoi cette thèse ne tient pas. Il commence par le commencement, en soulignant d’abord que les universitaires en question ne sont pas des spécialistes de la pollution atmosphérique. Précision importante pour évaluer le travail. Ensuite, l’étude ne répond pas aux critères qui garantissent la validité des résultats scientifiques, et notamment l’évaluation par les pairs.

Evidemment, les médias ont rapidement saisi l’occasion et publié les résultats. Et comme le font les journalistes, une expression a vite été trouvée: les particules fines forment  l’autoroute pour le coronavirus.

Manque de corrélation

Le physicien et chimiste n’a pas suivi le mouvement, et pour cause. Pour lui, l’étude manque de rigueur. « D’abord, la corrélation qu’ils établissent entre les niveaux de pollution aux particules fines et les occurrences de contamination, autrement dit entre les pics de pollution et les pics d’infection, reposent sur des séries de données (relatives au nombre de cas d’infection et à la pollution particulaire), un intervalle de temps (du 10 au 29 février), une zone géographique et des variables météorologiques beaucoup trop limités pour espérer parvenir à des conclusions scientifiques solides », dit-il.

Physique des particules

Plus encore, cette étude fait fi d’éléments solidement établis de la physique des particules fines. Or, rappelle le spécialiste, des calculs simples montrent que la probabilité que deux particules fines (une particule de pollution et une particule contenant du virus, par exemple) se rencontrent et « coagulent » pour n’en former qu’une, qui voyagerait sur des kilomètres, est quasiment négligeable lorsque leur concentration est inférieure à 10.000 particules par centimètre cube. Or, précise le spécialiste, de telles concentrations sont rarissimes dans l’atmosphère. Quant au nombre de particules fines chargées de virus présentes dans l’air qu’exhale une personne malade, il oscille entre 0,06 et 3 par centimètre cube, voire jusqu’à 100 selon certains auteurs. « Qu’il s’agisse de particules de pollution ou des particules d’origine ventilatoire, on est très loin de la barre fatidique des 10 000 ! », assure Jean-François Doussin.