BANQUES UE Les mesures de protection critiquées

Par Patrick Jenkins et Sam Fleming à Londres

La capacité de l’Europe à lutter effi cacement contre une future crise fi nancière risque d’être sapée par la gouvernance « impossible » dirigée par un comité qui accable sa surveillance bancaire, a mis en garde le régulateur en chef. Andrea Enria, qui préside l’Autorité bancaire européenne, a déclaré que les avantages de ces tests de résistance bancaires cruciaux qui doivent être réalisés au cours de l’année prochaine pourraient être compromis si la prise de décision n’était pas simplifi ée et les tendances nationalistes contenues. L’ABE devrait s’éloigner de la traditionnelle gouvernance fondée sur le consensus, a-t-il ajouté. « Il nous faut des mécanismes de décision européens plutôt que de recourir toujours à des décisions prises par une commission en situation de crise », a déclaré M. Enria. « Les comités ne fonctionnent pas en temps de crise parce qu’il y a des confl its ». L’ABE procède aux stress test auprès des Top 150 banques européennes en vue de réparer la confi ance des investisseurs malmenée dans le secteur. En tandem avec un « examen de la qualité des actifs » des prêteurs en zone euro par la Banque centrale européenne, l’exercice vise à faire la lumière sur les bilans des banques. Une mesure sans précédent.

Les résultats, prévus dans une année, marqueront le début de la création de l ‘«Union bancaire » de la zone euro, avec la BCE comme régulateur en chef de la région. Et un nouveau cadre de « résolution » sera créé pour liquider les banques défaillantes. Mais M. Enria demeure insatisfait en constatant que la structure de ce régulateur paneuropéen, avec ses représentants de 28 Etats membres de l’UE, risque d’entraver les efforts visant à maintenir un secteur fi nancier stable et crédible. Ses commentaires, dans un entretien avec le FT, sont susceptibles d’être considérés comme une nouvelle offense contre l’Allemagne, qui résiste à des structures européennes centralisées. Au début de ce mois, la BCE est entrée en confl it avec Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, lorsqu’il a présenté des plans détaillés pour la création d’une autorité de sauvetage centralisée des banques, dans le cadre des réformes de « l’Union bancaire ». M. Schäuble a plutôt plaidé pour un réseau d’autorités nationales. Défi ant l’insistance de l’Allemagne et d’autres pays de l’UE sur le maintien du contrôle de l’agenda de l’Union bancaire par les gouvernements nationaux, M. Enria a déclaré qu’il était vital de transférer plus de pouvoir à l’UE. « On nous donne 24 heures pour faire de la médiation [dans une résolution bancaire] et on nous donne une [Structure] de gouvernance qui est impossible », a déclaré M. Enria. « Ils nous confi ent des responsabilités, mais ils ont mis tant de mesures de protection sur toutes les tâches que nous devons effectuer qu’il devient parfois diffi cile de les exécuter »