Les enfants ne contaminent pas. Il faut les libérer!

Le confinement est prolongé dans certaines régions. Et Les enfants n’en peuvent plus. L’effet peut être dévastateur.

Mounia Kabiri Kettani

«Comme le confinement va être prolongé dans certaines régions du Maroc, je voudrais attirer votre attention sur son effet dévastateur sur l’enfant, comme le confirment plusieurs études », alerte Hassan Afilal, président de la société marocaine de pédiatrie, au nom de toute la communauté pédiatrique, dans un courrier adressé au ministère de la santé.  Le médecin ajoute que l’impact psychologique et le traumatisme qui en découlent doivent être pris en compte d’autant plus que l’enfant n’est ni vecteur ni contaminant.

Traumatisme et impact psychologique

En effet, selon une récente étude menée par des pédiatres auprès de 605 enfants de moins de 15 ans en Ile de France montre qu’ils sont moins contaminés et moins contaminants. Sur les effets psychologiques, en février, une étude réalisée par des chercheurs anglais a été publiée dans la revue The Lancet , sur les impacts psychologiques de la mise en quarantaine sur les individus. Il s’agit, plus précisément, d’une analyse de cinq études préalablement réalisées sur la mise en quarantaine pendant d’autres épidémies que celle du Covid-19, comme Ebola ou le Sras. Dans une étude portant sur des enfants, ils ont constaté que ceux mis en quarantaine obtenaient un score de stress post-traumatique quatre fois plus élevé que ceux non isolés. À tel point que 28% des parents signalaient des symptômes laissant présager un trouble de santé mentale lié à un traumatisme.

Symptômes alarmants

Contacté par l’Observateur du Maroc et d’Afrique, Hassan Afilal nous explique que les enfants ont été les grands oubliés de ce confinement et n’ont pas été pris en charge comme il le faut sur le volet psychologique. Dans le cadre de l’exercice de son métier, il a constaté beaucoup de signaux alarmants ces derniers temps, suite au confinement des enfants. «Symptômes de stress post-traumatique, confusion, colère, stress, dépression, baisse d’humeur, crises de pleurs inexpliquées irritabilité et insomnies sont autant d’effets constatés lors de ces périodes d’isolement », prévient t-il. Et il ajoute aussi que «beaucoup d’enfants auront besoin de suivi psychothérapique après cette crise. Et que les séquelles qui vont prendre beaucoup de temps avant de disparaitre ».

Rôle des parents

Pour les enfants, le coronavirus est assimilé à un «monstre qui va les attraper dans les rues », alerte Hassan Afilal d’où le rôle des parents. «les parents doivent expliquer aux enfants les choses positivement, leur  parler comme des adultes, les rassurer… », préconise le médecin qui demande aux adultes de se mettre à la place des petits qui n’arrivent pas à comprendre pourquoi ils sont privés de sortir.

Et pour éviter une éventuelle catastrophe infantile,  Hassan Afilal appelle le ministère à prendre des mesures d’assouplissement afin que les enfants puissent sortir des domiciles avec le respect des mesures barrière. «Beaucoup de pays ont prévu ce genre de mesures même en pleine crise sanitaire. Tel que le cas de l’Espagne où le pays autorise l’enfant à sortir pendant une durée bien déterminée accompagné d’un seul parent ».

Mais attention, « le port des masques est déconseillé pour les enfants de moins de 6 ans », alarme Hassan Afilal.