Crise: Le cri de détresse du réalisateur Laouej

Frappés de plein fouet par la crise covid-19, bon nombre de réalisateurs et techniciens de l’art cinématographique sont au bord du gouffre. Parmi eux, le réalisateur Ismail Laouej qui crie sa colère à qui veut l'entendre.  

 Mounia Kabiri Kettani

 

Il est réalisateur. Il a consacré toute sa vie au service de l’art. Une activité qu’il aime et qui lui assurait son gain pain. Avec le confinement, Ismail Laouej est coincé physiquement, financièrement, psychologiquement et artistiquement. 88 jours. Et cette décision de prolongement de l’état d’urgence sanitaire a été le coup de grâce. «Je suis dans l’impasse. Je ne sais comment je vais m’en sortir. Cela fait trois jours que je ne bois que de l’eau», nous raconte t-il. Il est marié et a un enfant de 10 ans et s’il a pu survivre durant toute cette période, c’est grâce à l’entraide familiale et amicale mais aujourd’hui, il n’en peut plus. Il est désespéré et ne demande plus rien que d’être enterré au moins humblement.

Subventions bloquées

Il n’est pas le seul. Il fait partie de quelques 5.000 techniciens et réalisateurs qui disposent de cartes professionnelles du CCM. Depuis le début de la crise, une dizaines de courriers ont été envoyés à toutes les parties concernées. En vain. C’est le silence radio de la part des responsables du secteur. «On ne demande pas de la charité. On veut juste qu’il nous débloque la situation. Dans mon cas, j’ai un long métrage qui peine à voir le jour. Il est prêt et  ne lui manque que la partie étalonnage et mixage que je ne peux effectuer avec ce confinement. De plus, les tranches de la subvention accordée à la production cinématographique sont bloquées. Et cette situation dure et perdure et nous n’avons aucune visibilité », explique Ismail Louaej.

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Aucun soutien

Ces artistes n’ont bénéficié d’aucun plan d’aide d’urgence de la part de l’Etat. Leur ministère de tutelle les a lâchés. Et le remplacement de l’ex ministre Mohamed Laâraj par l’actuel, Othman El Firdaous n’a pas arrangé les choses. On leur avait pourtant promis de les inclure dans la branche informelle pour pouvoir percevoir les indemnités de soutien instaurées par le CVE. «Nous nous sommes enregistrés en tant que travailleurs du secteur informel. Finalement, nous n’avons rien reçu. Après avoir déposé des réclamations au niveau de la plateforme Tadamoncovid, nous avons été surpris que les demandes ont été rejetées pour divers motifs et avons reçu des réponses du genre «ce secteur n’est pas pris en charge », « demande rejetée puisque vous bénéficiez déjà d’une bourse de l’enseignement supérieur », «vous ne répondez pas aux critères requis »….bref divers types de réponses, avec un seul message finalement : pas de soutien, vous pouvez crever », martèle Ismail Laouej.