Reportage à Settat - Zone 1 : Les Settatis savourent leur déconfinement (vidéo)

Le premier jour du déconfinement a un goût exceptionnel. Les habitants de Settat en savent quelque chose. Petite virée à la Zone 1 où la vie retrouve un peu son cours normal.  

 

Par Hayat Kamal Idrissi et Abdelhak Razek

 

Jeudi 11 juin 2020, une date mémorable pour les Settatis. En ce jour de libération après trois mois de confinement et de restrictions, les habitants étaient au rendez-vous.

Dès l’entrée de Settat, l’on remarque le grand mouvement remuant  la cité de sa léthargie forcée. Les boulevards fourmillent de voitures, de petits et de grands taxis. Les jardins sont déjà envahis par des familles et des enfants assoiffés d’air frais. Une vision pleine de vie : Des bambins qui redécouvrent, allègrement, les joies du jeu en air libre, sous le regard attendri des parents qui n’en reviennent pas d’être enfin libérés. Leurs cris de joie accompagnant leurs jeux insufflent la vie à ces lieux longtemps désertés.

Une victoire sur le virus

 « C’est comme avoir réussi un examen, remporter une victoire sur le virus. C’est un sentiment tellement revigorant », décrit, enthousiaste, ce jeune sportif s’adonnant à des exercices acrobatiques impressionnants sur la pelouse verdoyante du parc central de Settat, en face de la mairie. Plus loin, Hamza joue avec sa  chienne énergique Piccola. « C’est le grand retour à la vie normale pour moi et pour elle. Je suis comme un oiseau que l’on a libéré enfin de sa cage. Même si des restrictions persistent encore, c’est tout de même une grande différence. Regardez comme ma chienne est contente ! La pauvre n’a pas pu se dégourdir les muscles pendant tout ce temps. Aujourd’hui, sa joie est sans limites, elle n’arrive pas à tenir en place », décrit le jeune étudiant en riant. Une énergie longtemps retenue qui trouve enfin l’occasion d’éclater… mais ce n’est pas le cas de la seule Piccola. C’est l’impression générale en cette première journée de « libre mouvement » à la capitale de la Chaouia.

 

 

Roumayssa, une fillette de 7 ans, court derrière sa balle dans tous les sens, sous le regard de sa mère, inquiète et rassurée à la fois. « C’est comme si elle est revenue à la vie », commente la dame avec un large sourire. Pour Romayssaa, sa joie est indescriptible. « Mon école, mes copines, jouer dehors… tout ça me manquait tellement », décrit, innocemment, la petite fille sans arriver à arrêter de taquiner sa balle. Marwa sa copine, avec sa tenue rose bonbon, retrouve de son côté les plaisirs de la trottinette. « J’en étais privée pendant trois mois. Je peux enfin courir et jouer, je suis hyper contente », nous confie-t-elle en se blottissant, timidement, contre son papa. Jannate, 6 ans, venue avec ses parents, est aux anges. Son sourire ne quitte pas ses lèvres lorsqu’elle nous dit son grand soulagement de pouvoir retrouver son jardin préféré, avec son petit frère. « Il ne me manque plus qu’aller voir ma famille à Casablanca », formule-t-elle simplement.

 

Coupez-moi ces cheveux ! 

 

De l’autre côté du parc, Mustapha, un coiffeur pour femmes, a « volé » une pause pour marquer un moment de répit. « Le salon a été envahi dès le matin par mes clientes. J’ai pris un petit moment pour souffler un peu avant de reprendre le travail. Nous sommes tellement contents à Settat du fait de faire partie de la Zone 1. J’espère cependant que les villes chanceuses prennent les précautions nécessaires pour y rester », s’exprime, soulagé, le coiffeur avant de repartir au pas rapide vers  son salon.

 

 

L’une des activités autorisées à reprendre dans la zone 1, les salons de coiffure et les soins esthétiques sont pris d’assaut en ce premier jour. « Dès le matin, nous avons eu des appels et des réservations pour toute la journée », nous indique Mohamed Belhoum, coiffeur et acteur associatif, tandis qu’il fignole une coupe tendance à son jeune client. « Nous avons ouvert mais on doit toutefois respecter absolument certaines normes de préventions. Les gels désinfectants, la distanciation sociale, le fonctionnement avec juste 50% de la capacité d’accueil ; sans oublier de noter les noms et les coordonnées de clients », nous explique le coiffeur en notant le numéro de téléphone du jeune homme. Une manière pour assurer la traçabilité en cas de contamination par le Covid-19. En dehors, une chaise est proposée au prochain client  attendant son tour.

Devant les autres salons du centre ville, la même scène se répète. Des clients, masques au nez, avec des chevelures assez « garnies » patientent. « C’est un grand jour, vaut mieux en profiter pour se faire chouchouter. Ça me manquait tellement de faire un brushing et de me faire belle », partage avec nous la jeune Mayssa, l’une des premières clientes à arriver chez Hicham Nachite, coiffeur réputé à Settat. Ce dernier s’assure de la satisfaction de sa cliente avant de nous confier « qu’il était vraiment temps que l’on soit libéré. Le secteur a été sacrément touché. Pas d’entrées et des charges et des loyers qui se cumulent sans parler de nos produits qui ont été périmés pendant cet arrêt forcé. Des pertes tout au long de ces trois mois. On commence à peine là à respirer, pourvu que ça continu ! », espère le coiffeur qui a compté cinq clientes ce matin en attendant le « grand rush ». « Les choses ne font que commencer », conclut-il confiant.