France : Des soignants en première ligne des manifs post-confinement
Colu00e8re gu00e9nu00e9rale des soignants contre la mu00e9thode Su00e9gur.

 

Juste après la fin du confinement, les "guerriers" qui étaient au front dans la lutte contre la pandémie Covid-19 sont les premiers à sortir dans la rue en France pour manifester leur colère. 

 

"Finis les applaudissements, place aux rassemblements": après trois mois de crise sanitaire, médecins, aides-soignants et infirmiers ont commencé à battre le pavé mardi un peu partout en France pour rappeler le gouvernement à ses promesses sur l'hôpital, en plein "Ségur de la santé".

Partout en France, plus de 220 rassemblements étaient prévus dans le cadre de cette journée d'action nationale, organisée à l'appel d'une dizaine de syndicats et collectifs de soignants (CGT, FO, Unsa, Sud, Collectif Inter-Hôpitaux...).

Objectif: mettre à profit le soutien engrangé auprès de la population pendant la crise sanitaire afin d'obtenir des avancées pour les salariés des hôpitaux et des Ehpad, salués comme des "héros en blouse blanche" par le chef de l'État au début de l'épidémie.

"On ne veut pas de médaille ou de petite prime à la sauvette, on veut un salaire à la hauteur de ce que nos métiers apportent à la société", explique Clara Grémont, aide-soignante près de Montpellier, où plusieurs milliers de manifestants ont défilé à partir de 10H00 entre les principaux sites du CHU.

Dans cette foule, Jacques, retraité, explique qu'après avoir "applaudi pendant des soirs et des soirs à 20H00 pour soutenir les soignants", il est venu "le faire en direct parce qu'(il a) été effrayé par l'état de l'hôpital public mis en évidence par la crise du Covid".

A Marseille, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées en fin de matinée près de la gare Saint-Charles, en musique et en fanfare, infirmières en tête.

Parmi elles, Aurore Le Huerou, salariée d'un hôpital privé, déplore de n'avoir "pas eu de primes ni rien alors qu'on a donné comme les autres, on est épuisés, on manque de tout et nos salaires n'évoluent pas".

S'il faut "davantage de moyens pour l'hôpital public", il faut également "se préoccuper des agents de la santé du privé, qui ont aussi été au front pendant cette période", a souligné le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, sur RFI.

Son homologue de Force ouvrière, Yves Veyrier, a réclamé sur Public Sénat une hausse de salaire de "300 euros pour l'ensemble des personnels", tandis que le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, a pointé "le problème du manque de personnels, le problème de la reconnaissance des diplômes et des qualifications, les fermetures de lits".

Les deux leaders syndicaux seront présents en début d'après-midi devant le ministère de la Santé à Paris, où un rassemblement est prévu à 13H00, suivi d'un cortège en direction des Invalides et de l'Assemblée nationale.

Ailleurs, la plupart des autres manifestations se tiendront devant des hôpitaux et des établissements médico-sociaux, où la CFDT elle aussi a déposé un préavis de grève. Des aides à domicile et associations de retraités ont également prévu de se joindre aux mouvements.

"Après 14 mois de mobilisation et une crise sanitaire, un retour à +l'anormal+ est inenvisageable. Pour les usagers, ce n'est plus le temps d'applaudir les soignants mais de soutenir nos revendications", insiste le Collectif Inter-Hôpitaux, fer de lance d'un mouvement engagé voilà un an.

https://twitter.com/Pris_lya/status/1272848095043358720

Colère contre la méthode Ségur

Cette journée, point d'orgue d'une série d'actions menées ces dernières semaines à l'hôpital, intervient en plein milieu du "Ségur de la santé", lancé le 25 mai par Édouard Philippe.

Cette concertation, pilotée par Nicole Notat et destinée à refonder le système de santé français, doit aboutir d'ici début juillet à des propositions concrètes. Mais aucun chiffre n'a à ce stade été mis sur la table, notamment pour les hausses de salaires.

Une source d'exaspération pour les syndicats. "Les organisations syndicales ne peuvent pas travailler dans l'improvisation constante et en l'absence de moyens alloués", ont déploré une dizaine d'organisations médicales, dont la Fédération des médecins de France (FMF).

"La méthodologie du Ségur de la Santé pose problème", a abondé le Collectif Inter-Hôpitaux, en regrettant "l'absence de transparence dans la conduite des travaux" et appelant à "des réponses concrètes".

Dans ce contexte, un syndicat, SUD Santé, a décidé de claquer la porte des discussions, dénonçant une "vaste opération de communication". D'autres organisations ont fait planer la menace d'un départ.

Interrogé lundi sur LCI, le ministre de la Santé Olivier Véran s'est voulu rassurant. "On travaille, on avance", a-t-il déclaré, en indiquant que "plus de cent consultations au niveau national" avaient été effectuées depuis le début du "Ségur".

Hasard du calendrier? Le gouvernement a publié ce week-end des décrets entérinant le versement d'une prime exceptionnelle de 1.000 à 1.500 euros pour les salariés des Ehpad, et une majoration de 50% des heures supplémentaires effectuées à l'hôpital, qui seront payées avant septembre.

Concernant les hausses de salaire promises dans le cadre du Ségur, "le rendez-vous est fixé" avec les soignants, a par ailleurs rappelé lundi Olivier Véran. "D'ici à début juillet ils auront toutes les réponses aux questions qu'ils posent et aux revendications qu'ils portent légitimement".