« J’ai voulu rendre hommage à Piaf, un peu à ma façon » PATRICIA KASS

« Tout comme Piaf, je chante comme je parle. Je suis populaire et authentique »

KAWTAR FIRDAOUS

Avec sa voix à couper le souffle, à la fois rauque, chaude, tendre et puissante, la reine du blues a enflammé samedi dernier, la scène du Mazagan Beach & Golf Resort. Lors d’une soirée magique, forte en émotion, Patricia Kass a présenté, devant une salle comble son hommage (120ème concert) vibrant à Édith Piaf, à l’occasion du cinquantenaire de la disparition de l’artiste. « C’est d’abord un hommage à ma façon, je ne voyais aucun intérêt à copier Piaf. Je voulais interpréter ses chansons avec mon vécu». « Au fil des années, mon regard sur moi a changé, j’ai plus confiance en moi et c’est ce qui m’a permis de chanter Piaf, c’est un peu une thérapie ». Sur les 400 chansons de son répertoire, l’héritière de la môme a choisi des chansons poignantes, comme celle qui raconte la belle histoire d’amour avec Marcel Cerdan, « c’est une chanson qu’elle a écrite et qui a une force, une fragilité que j’aime beaucoup », nous confit-elle. Lors de ce spectacle touchant et émouvant, Kass chante les émotions avec brio, douceur et puissance. « En rendant aussi hommage à ses émotions, je voulais qu’elle soit présente par la douleur, la souffrance, la joie, et par ses rencontres notamment celle avec Jean Cocteau ». Un moment de sa vie illustré par la partie théâtrale du spectacle, le tout mis en scène dans un cadre contemporain et urbain. « Je voulais montrer que les rues où elle a commencé ont changé, il y avait Montmartre mais aujourd’hui, c’est aussi le métro ». « J’ai aussi tenu à avoir avec moi un danseur sur scène pour montrer à quel point elle aimait les hommes. Toute la mise en scène a un lien avec sa vie et son caractère, tout a été pensé pour la scène, au détail près ». Patricia Kaas a ainsi rendu un hommage aux plus grands titres de la Môme, en adaptant pour sa propre interprétation. Pour chanter La vie en rose, Patricia Kass, vêtue d’une magnifique robe noire près du corps, les pieds nus, a opté pour une chorégraphie sensuelle qui transporte le public dans un espace charnel et romantique, à la fois joyeux et mélancolique. « C’est la première fois que je fais cela, j’avais peur mais j’aime prendre des risques, j’aime surprendre. Et j’imagine qu’on rentre dans l’âme du personnage sans le vouloir», a-t-elle précisé. Sur scène, l’artiste tient néanmoins à rester physiquement elle-même. Des fois, elle fait des petits gestes très marqués, elle s’exprime avec les mains mais sans jamais trop faire. La version de Milord qu’elle chante de manière différente est une belle réussite « Piaf la chante en majeur avec un espoir, et moi, je l’interprète en mineur, parce que je ne voyais pas d’espoir ». Pour Kass, Edith Piaf est une artiste authentique qui chante comme elle parle. « Le point commun que j’ai avec elle, c’est la popularité. Je suis à la fois populaire et authentique. J’aime dire les choses sans trop les maquiller ou les masquer et je crois que moi aussi, je chante comme je parle ». Une authenticité qu’elle prouve encore une fois avec sa magnifique interprétation de la chanson de fin, « Non, je ne regrette rien ». En s’engageant dans cette belle aventure, Kass relève un défi à la hauteur de sa carrière. Désireuse de sublimer les chansons de Piaf et l’émotion qui s’en dégage, elle nous a offert un spectacle épuré et artistique. Les titres d’Edith Piaf ont été arrangés par Abel Korzeniowski, compositeur de musique de films Polonais, basé à Hollywood. « Dans le film, single man, avec Tom Ford, j’ai aimé sa façon de composer et il avait une dramaturgie, une émotion qui me faisait penser à Piaf». Kass avoue être fatiguée après cette longue tournée internationale, qui prendra fin le 15 décembre. « La tournée, c’est flatteur, mais mon lit me manque. Cela dit, je rêve de faire mon prochain album et de repartir en tournée», conclut-elle.