Le confinement a-t-il adouci les Marocains?

 

Au-delà de l’épreuve, le confinement était riche en enseignements pour de nombreux citoyens.  Occasion de se redécouvrir, l’isolement leur a permis de prendre les « bonnes » résolutions. Partage     

 

Par Hayat Kamal Idrissi

 

« Le confinement était pour moi une occasion de faire une replongée en moi et de réviser mes rapports avec mon environnement », se confie Gad. Ecrivain, il a profité de tout ce temps pour se recueillir et méditer. Pour Safaa Idrissi, directrice de ressources humaines, l’épreuve était double. « J’ai accouché prématurément de mon premier bébé tout au début du confinement. Expatriés à Dubai, Mon mari et moi n’avons pas pu célébrer sa naissance. Sans expérience et privés de l’aide de nos proches, nous avons vécu une dure épreuve.  C’était un véritable test pour nous et pour notre couple. Ca nous a rapprochés en consolidant notre union », nous raconte la jeune femme. « J’ai appris à être plus patiente, à gérer ma frustration et surtout de ne pas tout planifier… car la vie planifie souvent pour nous », ajoute Safaa, le verbe ému.

 

Se découvrir

 

Une existence doublement chamboulée, cette jeune femme n’est pas la seule à se redécouvrir et à connaitre ses vraies limites. Pour Bouchra, l’isolement a été une occasion de « faire un voyage au fond d’elle-même ». « En me redécouvrant, j’ai appris à comprendre les autres autour de moi, à être plus attentive à leurs besoins et à leurs attentes », explique cette cadre au ministère de la santé. De part son métier, elle affirme que le confinement lui a appris à faire la distinction entre ce qui est important et ce qui est vital.

 

 

De son côté Karima Rochdi, journaliste, a pu retrouver les bonnes vieilles habitudes et les plaisirs simples de la vie. « Un retour à la vie de nos grands-mères entre cuisine, ménage et courses. J'ai essayé de renouer avec la télévision mais je n'ai pas pu. Je me contente de mes livres, regarder des films et d'anciennes séries sur le net » se confie Karima. Pour Abdellah Guelmadi, chauffeur de taxi, le confinement était également une expérience sociale instructive.

Plus empathiques, plus humains

 

« Eveillant les consciences, cette épreuve a permis aux citoyens de comprendre qu’ils vivent dans un Etat, une société. Beaucoup de mes amis vivaient auparavant dans une bulle. Paradoxalement l’isolement leur a rappelé le plaisir et la nécessité de vivre en véritable interaction avec les autres », analyse Abdellah. Pour lui, même au sein de sa maison, le confinement l’a aidé à retrouver la complicité le liant à sa femme. « Le fait de recevoir l’aide de l’Etat pendant la période de mon inactivité, m’a rappelé d’être fier de mon Maroc chéri et d’appartenir à cette nation », rajoute Abdellah.

Nachida, une pharmacienne qui a été obligée de travailler malgré la pandémie, a appris à être plus empathique. « Mon travail auprès des gens souffrants pendant cette période difficile m’a permis de devenir plus attentive aux  angoisses et aux souffrances des autres. Un simple regard me suffit dorénavant pour détecter leur détresse. Mon envie d’aider et d’apaiser leur mal n’en devient que plus grande », nous confie, émue, la jeune pharmacienne.

Des leçons, des émotions et des résolutions… le confinement n’était pas du temps perdu. « Tout au contraire, on en est sorti plus mûrs et plus humains » conclut sagement  Abdellah.