La mini pastèque qui veut bouleverser les habitudes de consommation au Maroc

De l’air à la terre. C’est en gros l’histoire de l’homme qui a introduit pour la première fois la mini-pastèque sur le marché marocain. Un produit qui semble prometteur. Focus sur un fruit méconnu et profil de son producteur.

Mounia Kabiri Kettani

Fils et petit-fils d’agriculteurs, Kamal Agnaou, baigne depuis son enfance dans ce milieu. Pourtant, il a choisit de piloter des avions au début, avant de changer carrément de cap et revenir à ses premiers amours : la terre. A sidi Slimane, il loue un terrain de 40 hectares et cultive divers produits tels que le blé, la bettrave sucrière,  le melon, la pastèque…Mais ceci ne l’emballait pas.  Il voulait innover. Et il n’avait qu’une idée en tête depuis 3 ans : introduire la mini pastèque sans pépin au Maroc. «J’ai vu le produit en Espagne. Et j’ai essayé par tous les moyens de me procurer la semence. En vain. Jusqu'à ce que j’ai rencontré les représentants d’une société basée au Maroc Hi-tech. C’est grâce à cette rencontre que j’ai pu réaliser mon rêve », nous raconte Kamal Agnaou.

 

Aujourd’hui l’ex-pilote d’avions se donne à fond pour réussir son projet. Pour commencer, il a consacré un hectare pour  tester le nouveau produit et y a investi quelques 35.000 dirhams. La rentabilité était au rendez vous. «J’ai pu atteindre une productivité de près de 20 tonnes cette année », explique Agnaou.

Caractéristiques et avantages

Les mini-pastèques sont des produits méconnus ou presque au Maroc. Elles sont en effet de plus petit calibre (1,5 et 2 kg) que celles que l'on voit plus couramment (15-20 kg). D’une manière générale, les agriculteurs marocains visent la production de pastèques d’un  gros calibre surtout que dans l’esprit des consommateurs, celui-ci est synonyme de maturité du  fruit et d’un bon taux de sucre. Agnaou veut révolutionner les habitudes classiques de consommation de ce produit. Selon lui, la mini-pastèque apporte une réponse aux urbains qui veulent un produit gustatif et facile à transporter. Aussi, «le produit pourrait répondre aux besoins des personnes dont le pouvoir d’achat est limité, ou encore ceux qui veulent consommer le produit toujours bien frais », ajoute t-il. En effet, le prix du kg de la mini pastèque est quasi semblable à celui de la traditionnelle : 2,5 à 3 DH/kg. Et donc finalement « le prix total d’une mini ne dépasse pas les 6 DH au moment où pour acheter une pastèque normale il faut débourser au minimum 45 DH pour un calibrage de 15 kg », appuie Agnaou qui veut démocratiser l’accès aux pastèques au Maroc.

 

Autre argument avancé par l’agriculteur : l’économie d’eau. D’après lui, un kilo de pastèque nécessite 4 litres d’eau en théorie. Dans la pratique, c’est autre  chose. «1kg est équivalent de 45 litres d’eau. Et donc 10 kg nécessite 450 litres au moment où pour une mini pastèque la quantité ne dépassera pas les 90 litres. Donc l’écart est énorme et l’économie est réelle », fait savoir Agnaou.

Marché local d’abord

Pour son premier essai, Agnaou a préféré fournir sa production à titre gracieux à de grands noms de la grande distribution et quelques vendeurs ambulants. Le but est d’introduire le produit petit à petit dans les mœurs et surtout mesurer le degré de satisfaction auprès des consommateurs. Résultats : «la mini-pastèque séduit et l’engouement était au RDV », se félicite Agnaou. L’année prochaine, l’ancien pilote d’avions compte cultiver près de 15 ha soit l’équivalent d’une production totale de 500  tonnes destinée en grande partie au marché local. Pour le moment l’export ne fait pas partie des objectifs de Agnaou même s’il a reçu de la demande de la part de quelques pays dont la France.