Gouvernement et boulangers ne disent pas tout

Creuser le dossier du prix du pain amène à se demander si le gouvernement et les boulangers ne complotent pas, en silence, contre le consommateur. La réduction du poids réglementaire du « pain social », passée sous silence, en est la preuve…

C’est Mohamed El Ouafa, en sa qualité de ministre délégué en charge des Affaires Générales qui le révèle dans un entretien avec L’Observateur du Maroc : Les boulangers ont déjà obtenu de la part du gouvernement le feu vert pour réduire le poids réglementaire du pain vendu à 1,20 DH. Ce poids est passé de 200g à 160g. Le problème, c’est que le grand public n’en a pas été formellement informé. C’est pour cette raison d’ailleurs que les défenseurs des consommateurs, Bouazza Kherrati en tête, continuent de dénoncer le non respect du poids réglementaire, qui reste pour eux, fixé à 200g. Qui a donné cet accord ? Il ne faut pas compter sur El Ouafa pour répondre clairement à cette question, tant cet homme sait si bien louvoyer pour se tirer d’embarras. L’Observateur du Maroc a mené son enquête. Résultat, on sait désormais que l’idée de la modération du prix par le recours notamment à la baisse de son poids réglementaire a été lancée du temps du gouvernement Jettou. C’est à ce moment-là qu’on a commencé à parler de « liberté des prix » du pain. D’ailleurs, fin 2007, alors que l’équipe Jettou II terminait son mandat, le prix du « pain social » est passé de 1,20 DH à 1,60. Cette hausse ne durera qu’une dizaine de jours puisque des évènements sanglants ont eu aussitôt lieu à Sefrou. Dans cette petite ville, d’habitude paisible, des manifestations contre la vie chère avaient tourné au vinaigre. Les confrontations entre protestataires et forces de l’ordre avaient fait alors de nombreux blessés… Le prix du pain a été ramené, sans tarder, à 1,20 DH. Un tarif devenu depuis un seuil psychologique qu’il est risqué de remettre en cause. En arrivant, l’équipe de Abbas El Fassi semblait avoir trouvé la parade pour satisfaire les représentants des boulangers sans toucher au fameux seuil. Au lieu d’augmenter le prix, l’accord a été donné à ces derniers de grignoter 40g du poids réglementaire du « pain social ». Cette décision a été noyée dans la littérature contenue dans le projet de contrat-programme qui est encore aujourd’hui en négociation. Depuis, un flou artistique a toujours entouré la question du poids du pain. Aujourd’hui, El Ouafa a le mérite de tenter de lever ce flou, mais que fera-t-il concrètement ? « Etudier en profondeur le dossier », se presse-t-il de répondre. Mais après ? « Après, on verra ! », peut-on déduire de ses réponses très évasives. On verra donc…