Les animaux n'ont aucun droit au Maroc

 

 

Youssef Rharib, le seul avocat au Maroc à porter des affaires de maltraitance contre les animaux au tribunal, analyse la situation. Il fustige le vide juridique et l’absence d’un droit animalier dans notre pays. 

 

Par Hayat Kamal Idrissi

 

« Ici au Maroc, on viole des chiens, on se livre à des abattages collectifs, on brule des chats et on les empoisonne. On n’hésite pas à surcharger un petit âne en pleine canicule. Dans les forêts, des espèces rares ou en voie d’extinction sont chassées librement par des braconniers ou par des chasseurs autorisés…  le droit à la vie de l’animal, on ne connait pas. C’est justement le résultat du grand vide juridique en termes de protection des animaux. A part quelques articles, qui en fait protègent les intérêts des humains « propriétaires », pas de lois ni de châtiments adaptés à la gravité des crimes commis chaque jour contre des êtres impuissants », c’est le cri de cœur de Youssef Rharib.

 

Vide juridique

 

Seul avocat marocain à « représenter des animaux victimes » au tribunal, il réclame justice pour les chiennes torturées par «le Violeur de l’Oulfa », pour les moutons de Bouznika écrasés par un Français, pour les chats brulés de Safi, pour les chiens abattus par balles. « Les quelques affaires qui ont été approuvées par le procureur et qui ont pu être traitées en justice, sont toutes des jurisprudences. La loi marocaine et le législateur marocain ont oublié de défendre les droits de ces êtres vivants. On n’a pas de texte précis incriminant les maltraitances et agissements portant atteinte à l’intégrité d’un animal », regrette l’avocat.

 

 

 

Il évoque toutefois  l’article 603, qui a été réactivé grâce à l’affaire des moutons de Bouznika et qui a aboutit à l’emprisonnement du coupable pour un mois. « Une première ! Car la justice de proximité prévoit  une simple amende de 1200 dhs pour tout acte de violence contre un animal. Bruler, tuer, amputer, torturer un animal vaut quelques dirhams !!! » s’insurge l’avocat.

 

Crime et châtiment

 

Pour Rharib, il est temps de remédier à cet « handicap légal » et de créer « Le code de l’animal ». « Seule la force de loi pourrait changer les mentalités et les comportements. C’est une question culturelle. Nombreux sont ceux qui considèrent l’animal comme un objet « insensible » que l’on peut maltraiter sans embarras », analyse Rharib qui en sait quelque chose vu qu’il est en contact permanent avec les associations de protection des animaux.

D’après cet homme de loi, le châtiment doit être à la hauteur du crime. « Durcir les peines et les adapter aux actes commis, c’est la seule manière de garantir la paix des animaux et de protéger leurs droits », conclut l’avocat qui  prépare déjà un livre sur le droit animalier au Maroc. Il travaille également sur une pétition pour la création d’un code de l’animal. En attendant, il mène son combat aux tribunaux en appuyant la cause de différentes associations de protection des animaux.

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