OTAN-Maroc La paix par la science

COOPÉRATION L’OTAN sort des casernes pour investir les universités. Le Maroc en tant que partenaire de cette organisation, depuis 1995, participe à des actions scientifiques pour la paix et la sécurité. Zoom sur des projets civils financés par des militaires.

SALAHEDDINE LEMAIZI : ENVOYÉ SPÉCIAL À BRUXELLES

La grande muette atlantique est une machine de com’ ! Au siège de l’OTAN, le visiteur est surpris par le poids des diplomates très à l’aise dans l’exercice de la séduction de l’opinion publique. La diplomatie publique est l’alter-égo de la structure militaire. Lors de la visite d’une délégation de journalistes marocains, le 25 novembre dernier, un groupe de dix diplomates nous a expliqué la nature des relations Maroc-OTAN. « Le Maroc est un partenaire stratégique », martèlent-ils en choeur. L’indicateur de l’excellence des relations entre le Royaume et l’organisation, la présence marocaine parmi les projets sélectionnés dans le cadre du « Programme La science pour la paix et la sécurité ». Ce programme très sélectif veut « promouvoir l’innovation en lien avec les objectifs de l’OTAN». Ces priorités actuellement sont la lutte contre le terrorisme, la détection d'explosifs, la protection physique contre les agents biologiques, radiologiques, nucléaires ou chimiques; les plans d'urgence; la cyber-défense et la sécurité environnementale. Ce dernier domaine a bénéficié d’un appui atlantique.

SAHARA WIND

En 2013, Sahara Trade Winds to Hydrogen, financé par l’OTAN, vient à terme après quatre années réussies. Ce projet de recherche appliqué porte sur l’intégration de systèmes énergétiques éoliens des vents Alizés pour améliorer les faibles infrastructures électriques des régions sahélo-sahariennes. Lancé en 2009 pour deux ans seulement, ce projet est reconduit pour la période 2012-2013. Khalid Benhamou, directeur de Sahara Wind Inc. est le porteur du projet. Ce Marocain a réussi à réunir deux pays, le Maroc et la Mauritanie : « Notre but est de créer une coopération régionale sur une ressource partagée. Pour au final, valoriser le potentiel disponible dans les Alizés ». Des institutions prestigieuses de quatre pays partenaires de l’OTAN se sont associées à sa démarche (Département d’Etat ; USA, CEA ; France, ministère des Affaires Economiques et de l’Energie ; NRW Allemagne, ONUDIICHET ; Turquie). L’Université de Nouakchott en Mauritanie, l’Université Al Akhawayn d’Ifrane ainsi qu’à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers (ENSAM) de Meknès ont assuré la coordination académique. Dr. Khalid Loudiyi, de l’Ecole des ingénieurs de Al Akhawayn rappelle que cette expérience était très enrichissante. « Nous avons appris beaucoup de choses et nos étudiants ont reçu également une formation solide ayant été au contact avec les technologies les plus modernes », se réjouitil. Pour Benhamou, le travail de recherche a permis « de confirmer la qualité exceptionnelle ainsi que l'étendue de cette ressource éolienne sur le littoral Atlantique du continent Africain ». L’étape suivante est de valoriser cette ressource et l’exploiter dans des conditions optimales. Sahara Wind va se prolonger dans le cadre d’un projet visant l’élargissement de l’accès à l’eau potable, toujours avec l’appui de l’OTAN. Pour rappel, la coopération entre le Maroc et l’OTAN s’inscrit dans le cadre du Dialogue méditerranéen. Ce programme a été lancé en 1994 par le Conseil de l’Atlantique Nord. Il concerne actuellement sept pays non membre de l’OTAN de la région méditerranéenne : le Maroc, l’Algérie, l’Égypte, Israël, la Jordanie, la Mauritanie et la Tunisie.

COOPÉRATION MILITAIRE : Le Maroc dans le top 3

Le Maroc est le deuxième bénéficiaire des partenariats avec l’OTAN après la Jordanie. Le Royaume participe à de nombreux programmes. Parmi eux, le plan d'action du Partenariat contre le terrorisme et le Processus de planification et d’examen du Partenariat pour la paix offrant un outil de planification permettant d’accompagner et de mesurer les progrès accomplis sur le plan de la transformation militaire. Les armées marocaines prennent part à différents exercices militaires. Un programme individuel de partenariat et de coopération (IPCP) entre l'OTAN et le Maroc est en phase d’étude. Il devrait être adopté dans les prochains mois.