Colère suite à la décision de fermeture de huit villes

 

Rage, dépit, déception, doute et incertitude… Le moral des Marocains est sapé au lendemain de la «surprenante» décision de fermeture de huit villes.

 

Par Hayat Kamal Idrissi

 

Sans préavis, sans préparation, la nouvelle décision du gouvernement El Othmani provoque une large colère populaire. Depuis son annonce, les réseaux sociaux bouillonnent. Les images transmises en direct depuis les bouchons infernaux sur les routes et les autoroutes, les accidents graves, la galère des voyageurs bloqués dans les gares routières et ferroviaires… dévoilent l’ampleur de l’onde de choc.

 

Le cauchemar

« Ce sont des scènes de fin du monde. On dirait un film de catastrophe. Le même scénario, le même chaos, la même panique… Sauf que là, c’est du vrai. C’est la triste réalité en ce dimanche soir cauchemardesque ! », s’exclame Hanane Alaoui, une mère bloquée sur l’autoroute liant Casablanca et El Jadida. Elle a essayé désespérément d’aller récupérer ses filles chez leurs grands parents, avant de lâcher prise et de rebrousser chemin. « Il y avait des accidents partout sur la route. Les gens sont devenus carrément fous. J’ai eu trop peur pour continuer », conclut-elle résignée.

« Le pire c’est que cette décision a été prise à la veille d’une fête tellement sacrée pour nous les  Marocains car synonyme de retrouvailles familiales. Certains triment durant toute l’année pour pouvoir retrouver les leurs et se reposer spécialement en cette fête », s’insurge Adil Mihadi, un jeune internaute en colère. Il vient de poster des photos du grand chaos survenu hier sur les routes au nord et au sud du pays, suite à la décision d’interdiction d’accès et de sortie de Casablanca, Marrakech, Tanger, Tétouan, Fès, Meknès Berrechid et Settat.

 

Les réactions

Des files à n’en plus finir, une circulation saturée, des voitures renversées, d’autres en feu. Des conducteurs à bout de nerfs. Des familles en détresse bloquées des heures durant avec des enfants à bord… C’est le tableau  de ce dimanche noir. Sur les réseaux sociaux, une vague de colère populaire ne tardera pas à prendre. Et les accusations fusent de toutes parts pour trouver le coupable de cette grande pagaille. « El Othmani démissionnez si vous n’êtes pas à la hauteur de la responsabilité ! », « La démission est la solution ! », « Rendez le tablier et allez vous en ! », « Gestion de crise, vous connaissez !», « Gouvernement d’improvisation », « Vous n’êtes pas à la hauteur ! », « Indignons-nous ! » … Simples citoyens, artistes, influenceurs ou journalistes, la même colère les a animé en cette soirée noire.

Si le fondement même de la décision reste assez compréhensible - car concernant la prévention de la pandémie - c’est son timing inadapté et la marge trop étroite de manœuvre qui ont surtout soulevé l’indignation générale. Aussi, le flagrant déficit en communication de crise alors que la situation est d’une délicatesse extrême. « La communication de crise vous connaissez ? Regardez ce que vous avez fait avec une décision improvisée et annoncée à la dernière minute. Vous êtes entièrement responsable des vies fauchées sur les routes en cette nuit, de la détresse des familles écartelées en cette période de fête, de la galère des travailleurs bloqués et du désarroi des touristes que vous avez encouragé à voyager et qui sont pris au piège maintenant ! », s’insurge ce voiturier en filmant un grave accident sur l’autoroute.

Des mots plein de dépit qui résume un peu la réaction des citoyens suite à une décision jugée « mal calculée », « inconsciente des grands enjeux » et surtout « déphasée ».