Confinement. Les cas de divorce explosent au Maroc

Après avoir été confinés plusieurs mois sous le même toit, de nombreux couples en souffrance se sont pressés vers les tribunaux au moment du déconfinement.

 

 

Si le confinement a été nécessaire pour la protection de la santé des gens pendant la crise sanitaire liée au covid-19, il a eu par contre des méfaits irréversibles sur la vie du couple. Au Maroc, le nombre des dépôts de requête en divorce auprès des tribunaux ne cesse d’augmenter.

Depuis le 15 juillet, date à laquelle les dépôts des requêtes ont été à nouveau autorisés, le tribunal de la famille de Casablanca a reçu environ 200 dossiers par jour pour les procédures de divorce judiciaire -dans le cas où un des deux époux demande le divorce-, et 180 dossiers chaque semaine pour les divorces à l’amiable, ce qui représente une hausse de 20 à 30% par rapport à la même période l’année dernière, d’après Me Kenza Mansouri, avocate spécialisée en droit de la famille.

 

Pour le meilleur mais pas pour le pire

 

 

En fait, la période de confinement n’a fait que catalyser les tensions conjugables qui au fil des mois sont devenus insurmontables. De plus, les trois mois d’activités judiciaires suspendues n’ont pas arrangé les choses puisque, pendant ce temps-là, les couples qui souhaitaient divorcer avant le confinement n’ont pas pu déposer leur demande de divorce et ils ont dû attendre le déconfinement, pour déposer leur requête, précise Me Hamid Addi, qui explique « qu’il y a aussi plusieurs couples qui n’ont pas supporté cette promiscuité imposée, et qui ont réalisé qu’ils ne se supportaient plus du tout ». C’est le cas de Maroua, 37 ans, cadre dans une banque qui nous raconte son calvaire : « cela fait 7 ans que je suis mariée, et j’ai deux enfants avec mon conjoint. J’ai toujours supporté le sale caractère de mon mari pour le bien de mes petits, mais les mois de confinement ont été un cauchemar pour moi, il est devenu très colérique et violent, sans parler des humiliations quotidiennes, je n’en peux plus, le divorce va être un grand soulagement pour nous tous je crois ».

Certains couples en revanche, qui avaient des difficultés, ne se sont pas séparés et se sont rétractés pour se donner une seconde chance. « Pendant ces mois de confinement, je croyais que j’allais devenir folle, confie Naima, assistante de direction dans un établissement privé. On se disputait pour tout et pour rien, on était devenus tous les deux facilement irritables, et même si j’étais prête à passer à l’acte, je me suis dit que c’était peut-être une décision hâtive et qu’il fallait mieux qu’on se donne du temps pour nous retrouver à nouveau ».

Pour Me Khadija Amrani, il y aurait également parmi ces demandes de divorce des femmes mariées depuis plus de 40 ans. « Cela fait deux mois qu’il y a une recrudescence incroyable de femmes qui souhaitent divorcer, surtout celles mariées depuis 40 ou 50 ans. Ça, c’est du jamais vu ! ».

Si les audiences et les tribunaux sont plus bondés que d’habitude, c’est aussi parce que ça coïncide avec les vacances judiciaires, rappelle Me Kenza Mansouri. Les audiences qui se sont déroulées en juillet sont renvoyées à septembre ou octobre.

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