Covid-19 : Le virus laisse des traces psychologiques ou neurologiques après son passage (étude)
Les études se suivent et leurs conclusions se ressemblent, montrant les profondes séquelles que laisse l'infection au nouveau coronavirus.

Les recherches se poursuivent pour mesurer les impacts physiques et mentaux ultérieurs à l’infection par le nouveau coronavirus sur les personnes contaminées. Les conclusions d’une nouvelle étude sont édifiantes.

Publiée, ce mercredi 7 avril, dans le journal spécialisé The Lancet Psychiatry, une nouvelle étude britannique vient confirmer, avec plus de précision, les conclusions rendues en novembre dernier. À ce moment-là, il a été relevé que près d'un patient sur 5 atteint du Covid-19 développe un trouble psychologique - anxiété, stress, dépression, insomnie, entre autres, dans les trois mois suivant la contamination. Au même moment, pour éviter des conclusions hâtives, le professeur de psychiatrie à l'Université d'Oxford, Paul Harrison, qui a piloté l’étude, avait affirmé que des recherches supplémentaires étaient nécessaires pour déterminer avec certitude que l’apparition de tels troubles était directement liée au Covid-19. Et pour cause ! le tabagisme, la consommation de drogues, ou encore le statut socio-économique, n’avaient pas été pris en compte dans l’analyse des cas. La marge d’erreur était grande.

C’est pour cela que d’autres recherches ont été menés et les conclusions viennent de tomber. Elles montrent qu’une personne sur trois, qui a surmonté le Covid-19, a eu un diagnostic de troubles neurologiques ou psychiatriques dans les six mois suivant l'infection. Dirigé par le même professeur Paul Harrison de l’Université d'Oxford (Royaume-Uni), la nouvelle étude se base, selon ses auteurs, sur des constats relevés de 236.379 dossiers de santé électroniques de patients atteints de Covid.



Principaux constats

L'anxiété touche 17% de patients et les troubles de l'humeur 14% parmi eux. L'incidence des atteintes neurologiques telles que les hémorragies cérébrales (0,6%), les accidents vasculaires cérébraux (2,1%) et la démence (0,7%) était globalement plus faible, mais le risque était généralement plus élevé parmi les patients qui avaient été gravement malades.

« Si le risque au niveau individuel de la plupart de ces troubles neurologiques et psychiatriques est faible, l'effet peut être "considérable" pour les systèmes de santé en raison de l'ampleur de la pandémie », relève le professeur Paul. « D'autant que beaucoup de ces troubles sont chroniques », ajoute-t-il, en appelant à doter les systèmes de santé de ressources suffisantes « pour faire face aux besoins ».

Pour 13% de ces personnes, il s'agissait de leur premier diagnostic neurologique ou psychiatrique.

Le risque de développer des troubles à long terme est accru chez les patients hospitalisés pour Covid-19 sévère. Ainsi, 46% des patients admis en réanimation ont eu un diagnostic de troubles neurologiques ou psychiatriques six mois après l'infection. Près de 7% des patients qui avaient été en réanimation ont fait un AVC ultérieur, 2,7% une hémorragie cérébrale et près de 2% ont développé une démence, contre respectivement 1,3%, 0,3% et 0,4% de ceux non hospitalisés. Les chercheurs ont également examiné les données de plus de 100.000 patients ayant eu un diagnostic de grippe et celles de plus de 236.000 patients avec un diagnostic d'infections respiratoires.

Le risque de diagnostics neurologiques ou psychiatriques était dans l'ensemble de 44% plus élevé après le Covid qu'après la grippe, et de 16% plus élevé qu'après une infection des voies respiratoires.

« Malheureusement, bon nombre des troubles identifiés dans cette étude ont tendance à être chroniques ou récurrents, nous pouvons donc anticiper que l'impact du Covid-19 pourrait perdurer pendant de nombreuses années », écrit le Dr Jonathan Rogers de l'Université de Londres (UCL) dans un commentaire publié dans The Lancet Psychiatry.

Les personnes étudiées ont probablement été plus gravement touchées que dans la population générale, notent toutefois les auteurs en évoquant celles, nombreuses, qui ne vont pas consulter pour des symptômes légers ou inexistants.



Une étude italienne abonde dans le même sens

Une étude italienne menée par le centre hospitalier San Raffaele et publiée en août dernier, a également mis en évidence un grand nombre de cas de troubles psychologiques. Après avoir suivi l’évolution clinique de 402 anciens patients atteints du Covid-19 (265 hommes et 137 femmes), les chercheurs ont découvert que 55% d’entre eux ont souffert d’un trouble psychiatrique après leur sortie de l'hôpital.

Publiée dans la revue scientifique Brain, Behavior and Immunity, l'étude a également démontré que les femmes ayant contracté la maladie ont moins de risques que les hommes de mourir du Covid-19, mais qu’elles sont en revanche davantage susceptibles de souffrir de l’un de ces troubles.