Moral plombé après des vacances sans plages

 

Des vacances d’été sans accès à la plage… n’en sont pas de vraies ! Les habitants des villes ayant subi cette interdiction en savent quelque chose.

 

Par Hayat Kamal Idrissi

 

Après les longs mois de confinement, pouvoir aller à la plage était une véritable aubaine. Mais la lune de miel prendra vite fin. Le rebond phénoménal du nombre de cas atteint du Covid-19 causera la fermeture de plusieurs plages. Une décision qui générera frustration et dépit parmi les populations malmenées par la grande chaleur ayant sévi durant l’été.

Vous avez dit vacances ?

« Vous avez dit vacances ? Passées coincé entre quatre murs à Casablanca, j’ai l’impression d’avoir enchainé en reprenant le travail cette semaine. Même la plage, ce seul espace pour décompresser, on en était privé alors que je venais de prendre mon congé annuel ! », se lamente Youssef Mounji, commercial chez un entrepreneur immobilier.

En ébullition depuis le début de l’été, les habitants de Kénitra n’en peuvent plus. Estimant qu’ils étaient oublié en Zone 2, ils ont même signé une pétition pour « requalifier» la situation de la capitale du Gharb. « C’est injuste ! Nous sommes pris au piège. La plage de Mehdia n’a jamais été ouverte après le déconfinement et la ville est fermée depuis l’éclatement du cluster de Lalla Maymouna. Pas le droit de voyager ailleurs ! » s’insurge Nassima Bahij, jeune employée dans la zone industrielle de Kénitra et originaire de Fès. Sur les forums de la ville, le moral est en berne. La vague de chaleur qui a frappé la ville durant les mois d’été n’a fait que plomber l’ambiance davantage. « Notre seule refuge en cette chaleur est  la plage de Mehdia. Et elle est fermée. Nous étouffons ! Nos enfants souffrent psychiquement et physiquement. Nous ne pouvons ni aller à la plage locale ni voyager ailleurs », dénoncent les initiateurs de la pétition.

Bricolage

Réclamant une requalification de leur ville et l’ouverture de la plage, ils se demandent « Pourquoi pénaliser la population de Kénitra pour un cluster qui n’en est plus un ?!! », réclame Hamid Nasri, un jeune père de Mehdia. Pour lui, le seul divertissement qu’il peut offrir à ses deux enfants malmenés par la grande chaleur, c’est un arrosage dans la rue ! « Mes enfants n’en peuvent plus, ils réclament tout le temps d’aller à la plage et ne comprennent pas le fait qu’elle soit fermée. Maintenant que les vacances ont pris fin alors qu’ils n’ont jamais pu aller se baigner, je sors le tuyau d’arrosage et les asperge eux et les enfants des voisins. Ca les distrait momentanément et calme un peu leur agitation », nous explique ce père inventif.

 

 

Dure reprise

Une solution provisoire qui ne saura satisfaire des adultes surmenés par une année de travail éprouvante dans des conditions difficiles liées principalement à la crise sanitaire. « J’ai toujours décalé mon congé jusqu’au début septembre étant donné que je suis le seul célibataire de l’équipe. Pour moi c’est la meilleure période : Calme et pas trop de monde sur les plages. Mais cette année, je suis profondément frustré. Où aller ? A Agadir, les plages sont fermées. El Housseima que j’adore, est fermée pour les Casablancais comme toute autre destination surtout avec ce nouveau semi-confinement. Les plages locales aussi … ça me dépasse ! », s’exprime avec dépit Jalal Moussali, ingénieur en informatique.

Au-delà du poids psychique de la crise sanitaire, le fait d’être privés de vacances « normales » revigorantes au bord de la mer affectent profondément le moral des citoyens. « Pour moi, c’est la pire des reprises de tout mon parcours professionnel. J’enchaine avec les batteries vides. Je me demande vraiment si je vais y arriver ! », conclut résignée, Nadia, chargée de communication et mère de famille.